Je m'étais dit que je ne verrais pas ce film quand j'ai découvert la bande annonce et les présentations télévisuelles à grands coups de "nouveau film culte d'une génération". La critique excellente d'un ami qui m'avait bien fait rire à grands coups de "10 verges hantent ces lignes" avait achevé de repousser ce moment.
Et puis il y a eu une discussion avec des Djeunes. Des ados de 16 ans qui ont découvert ces dernières semaines Retour vers le Futur et m'ont expliqué à quel point "ct tro povre et trhop nul qu'on i croa pa". Devant mon dépit ils m'ont expliqué que des films trop badass de la balle, trop rebelles, trop incisifs sur la fucking société, c'étaient plus à chercher du côté de Hunger Games, Labyrinthe ou Divergente.
J'ai vu Hunger Games et, à présent, je dois bien dire que ce film frôle le génie. Je n'ai pas réussi à me perdre dans le labyrinthe tout merdiquement lisse et faussement rebelle et je me dis que, finalement, c'était presque digne d'un 4. Mais là, là, franchement je dois retrouver et assumer mes atours de vieux con.
Divergente a l'audace d'une mamie qui va tenter de tester son nouveau dentier sur une biscotte baignée deux minutes dans un bol de café au lait. Tout n'est que néant. De la musique qu'on oublie, aux décors foireux, au scénario incroyablement pauvre, au casting de starlettes perdues et de fausses stars adolescentes au charisme d'huitre, rien ne nous est épargné. MERDE TITUS PULLO QUE FAIS-TU LA ???
Les reproches sont aisés, encore faut-il argumenter un peu. Nous voici donc avec une approche ô combien novatrice : une société post apocalypse qui se reclus dans un ordre hiérarchique à grands coups de classes de JdR mal digérés. Une ado trop rebelle qui va trouver l'amour, des ados soumis, funs, trop rebelles, un pouvoir trop méchant, une rébellion trop visible, une amourette trop lisse. Rien ne fonctionne dans cette œuvre vendue comme dantesque. Les décors sont insipides. Cette apocalypse qui a épargné, un siècle plus tard, des camions de chantier, on n'y croit jamais. Ces costumes impeccables, ces ordres ... Qui peut adhérer à cette déclinaison d'Altruistes idiots, de Sincères qui ne savent pas mentir, de fraternels trop gentils tout plein et, purge de chez purge, de ces faussement rebelles Yamakasi, les "trop bo gosses" Audacieux ?
On me dit dans mon oreillette qu'il faut de tout pour satisfaire le public, même ado. Et bien pauvres ados des années 2000-2010 ! Votre vie ce sont des attentats réguliers, du chômage, la Crise et une litanie de purges filmiques incroyables. Quand on touche le fond, on finit par creuser à nouveau. Tous ces teens movies tiennent dans un papier toilette : même héroïnes, mêmes clés de lectures, même rebelles idiots qui courent partout, même méchant trop bad ass mais surtout trop épilé et beau, même mondes gentillets sous des airs de dénonciation d'un totalitarisme d'opérette. Oui, mais il faut distraire. Alors on peut tout justifier, y compris le néant de cette héroïne campée par une pauvre, mais alors pauvre Shailene Woodley qui fait de Kristen Stewart une incroyable actrice. Franchement, soyons sérieux deux secondes : la miss héroïne qui va renverser le système, tellement dangereuse car Divergente et tête de proue d'une rébellion à venir, a peur du feu, des oiseaux, d'un peu de boue, d'une pièce exigüe et .... DE SE FAIRE PRENDRE EN MISSIONNAIRE PAR LE MEC QU'ELLE AIME ???? Merde, mais j'ai explosé de rire ! C'est un appel à la virginité, à la sodomie ?? Foutre mais comment on peut arriver à créer une telle logique narrative ?
Je suis un vieux con. Mais je suis heureux de mon adolescence. Moi aussi c'était la merde. Mercury est mort, Royal a fait arrêter le Club Dorothée, c'était la Guerre Froide et puis le désordre mondial qui a suivit. Moi aussi il y avait des massacres, et c'était plus proche que la Syrie. C'était le Sida, la Crise, déjà, le chômage, redéjà. C'était un Bernard Tapie en guise de modèle de réussite, un président qui tringlait aux frais de la princesse après avoir refusé de reconnaître qu'il avait un peu servi sous Vichy. C'était la fin de la Cinq, c'était des dimanches devant Jacques Martin. C'était des recherches pour des exposés devant des livres ... qu'il fallait lire ! C'étaient des disquettes multiples pour booter et échanger des jeux tous pourris, c'était Win3.1 qui plantait. Mais, avec toutes ces merdes, ce fut aussi Running Man, les oeuvres de Verhoven, de Carpenter. C'étaient le fun des Goonies, la douce folie de Doc et Marty, c'était Willow et les Pecs. C'était le choc incroyable de suivre les Répliquants dans un monde bien crade. C'était, déjà, Mad Max.
Alors oui, tous les publics ont le droit d'avoir leurs oeuvres générationnelles. Mais, que je sache, il n'est pas interdit de créer des histoires ambitieuses qui dépassent le touche pipi frustré, qui apportent un tant soit peu de profondeur à des mondes futuristes, à des personnages. Et il n'est pas interdit non plus de ne pas faire des films quand on a rien à raconter. Ah si, pardon, tant qu'on peut faire du fric ...