J'ai ri, ri des remarques acérées et cyniques de ces filles aux fortes personnalités qui ne se laissent pas marcher sur les pieds.

C'est l'histoire de Dounia, une jeune fille à la situation difficile : son père est absent, sa mère a un job de serveuse (qu'elle perd assez vite) et une tendance alcoolique. Mais heureusement qu'il y a Maïmouna, sa meilleure amie, avec qui elle vit plein de choses. Des fous rires, des aventures, des défis. Seulement Dounia, qui n'a pas l'intention de se laisser envahir par la suite des évènements, commence à dealer pour gagner de l'argent. Elle s'embarque avec Maïmouna dans un trafic dont Rebecca, une dealeuse respectée, tire les ficelles. Et puis il y a Djigui. Djigui, c'est le beau danseur qui fascine Dounia. Elle lui a sauvé la vie une fois ; et depuis, elle l'observe "comme un Big Mac pendant le ramadan" quand il s'entraîne.
C'est l'histoire d'une fille qui décide de tout faire pour sortir de l'avenir tout tracé par son milieu social. Non, elle ne sera pas hôtesse de caisse plus tard. Coûte que coûte, sa vie DOIT aller plus loin que ça. Jamais au grand jamais elle ne finira comme sa mère. D'ailleurs, celle-ci n'a jamais été là pour Dounia ! Depuis toujours, la jeune fille a dû s'occuper d'elle-même ; et désormais, c'est elle qui prend leur vie en main, c'est elle qui rapporte de l'argent pour vivre. Pour cette raison, parce qu'elle a joué un rôle de mère pour la sienne et pour elle, elle ne supporte pas la moindre remarque morale ou marque d'affection de sa part. Quand la mère s'excuse de tout, il est déjà trop tard : Dounia part sans se retourner.

Dans ce contexte, elle essaie de se faire une place pour mieux sortir de sa condition. Mais pour cela, elle passe par la peur, la violence, les rires... et les pleurs. Impuissants, nous assistons à une scène finale riche en émotions qui m'a fait pleurer littéralement. Ces pompiers qui n'interviennent pas arrivent comme une punition divine qui remet les jeunes filles à leur "place", les empêchant d'aller à l'encontre de leur condition : elles ne s'en sortiront de toute façon pas, elles sont condamnées (ce sont les propos du film qui montre comme il est difficile de sortir de sa condition dans un monde hostile comme le nôtre). Comme le pense Maïmouna, Dieu les regarde de la Lune. Mais il a détourné le regard quand elle s'est voilée dans cette sène ultime, laissant le sort, fatal, s'acharner sur elles.

Quelque part, Dounia s'empêche elle-même de s'en sortir : à chaque fois qu'elle en a l'occasion, elle retourne en arrière au lieu d'aller de l'avant. Elle préfère aller récupérer une somme d'argent inconsidérable chez un client pas net plutôt que d'aller au spectacle de danse de Djigui ; et sauver Maïmouna est primordial alors qu'elle s'apprête à enfin partir en train.
Finalement, même si Djigui est un "larbin de la société" d'après Dounia parce qu'il est vigile, il est le seul qui s'en sort par le biais de la danse. Alors qu'il est déjà trop tard pour Dounia, dès lors qu'elle s'engage dans le milieu de la drogue en dealant. En choisissant de gagner de l'argent, elle est prise dans un cercle vicieux.

Sur fond de scènes de danse sensuelles et gracieuses, et de musique classique ou R'N'B, les acteurs évoluent, impressionnants de justesse, avec au centre la jeune Oulaya Amamra, flamboyante et... divine.

Film coup de poing.

leonight77
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le 4 sept. 2016

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