Corée, 1930. Tout commence lorsque Fujirawa, escroc de son état, choisit la jeune pickpocket Sook-Hee pour infiltrer la maison de la riche et belle héritière Hideko. Leur intention est de la faire tomber amoureuse de Fujirawa, de le lui faire épouser, de la faire passer pour folle et ainsi, de récupérer sa fortune considérable. Mais c'est sans compter la domination et la cruauté de l'oncle pervers de la jeune femme japonaise, et surtout... les sentiments naissants des uns et des autres.


S'ensuit un jeu de manipulation, fruit d'une évidente excitation érotique chez les personnages, et la présence forte et constante du désir, sublimé durant tout le film à travers une esthétique absolument incroyable, le tout sur fond de Sade (inspiration flagrante), de boules de geisha et d'Hokusai. Park Chan-Wook dépeint les différentes relations chargées de tension sexuelle et fondées sur le fantasme du rapport de domination : Mademoiselle Hideko/Sook-Hee, Mademoiselle Hideko/Fujirawa, Kouzuki/Mademoiselle Hideko...
Le sexe a une place importante dans la culture asiatique - on peut constater que beaucoup de peintres d'estampes ont touché à la peinture érotique, Hokusai y compris. Faisant ainsi partie de la tradition, le sexe devient une activité raffinée et intellectualisée même quand il est présent dans des scènes violentes physiquement ou psychologiquement. Par exemple, Hideko fait la lecture de textes - qui ne sont pas sans rappeler ceux de Sade - aux clients et amis de son oncle. Ce dernier l'utilise comme objet, animal de foire à donner en spectacle à des quinquagénaires qui, comme lui, ont besoin d'assouvir leurs fantasmes. Pourtant, les textes font usage d'expressions atténuantes voire poétiques telles que "Porte de Jade" pour désigner le sexe féminin, mais leur caractère pornographique est flagrant.
Le scénario du film pourrait être qualifié d"à tiroirs", c'est à dire qu'il nous réserve des surprises. Le film est divisé en trois parties. La première nous offre à voir le point de vue quelque peu naïf de Sook-Hee. Par conséquent, nous ne comprenons certains faits (pas de spoils !) qu'à partir de la deuxième partie. Le principe d'inversement et de renversement de situation était déjà présent dans le scénario surprenant du film Old Boy (2003). On ne s'attend pas à la tournure que prennent les évènements (à des moments que l'on ne soupçonne pas du tout, qui plus est) dans ces deux oeuvres de Park Chan-Wook, ce qui prouve à quel point son but est atteint.

leonight77
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le 13 nov. 2016

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