Fantasmes à tous les étages
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Wow, je m'attendais vraiment pas à un truc aussi cool ! C'est un film qui regorge de procédés de mise en scène lumineux (la voix-off de Ferdinando qui réecrit les scènes au fur et à mesure qu'il les imagines, ses fantasmes de meurtre au début du film, les chassés-croisés nocturnes dans l'immense demeure labyrinthique de la famille Cefalù, où la séquence de la mise en abyme avec La dolce vita, une délicieuse surprise !). C'est frais, drôle, et surtout extrêmement bien écrit, l'intrigue est passionnante alors que le pitch de départ est simplissime en plus d'être décliné à outrance au cinéma.
Comment parler du film sans mentionner Marcello Mastroianni, époustouflant une fois de plus dans un registre comique pourtant complètement différent de son rôle dans La dolce vita (le parallèle au delà du clin d'oeil fait dans le film est que ce sont les deux seuls films où il tient un rôle que j'ai vu pour le moment, une lacune à laquelle je vais m'empresser de remédier), et il s'en tire avec les honneurs, si j'ai bien appris une chose ce soir c'est que Marcello est drôle ! Ses mimiques, sa gestuelle, sa légèreté et son flegme, c'était l'acteur parfait pour camper et nuancer ce personnage à la moralité douteuse (Une des réussites du film comme souvent avec ce genre de rôles d'ailleurs, arriver à provoquer l'empathie pour un personnage plus ou moins mauvais de nature, on a quand même en l’occurrence un quadragénaire qui lassé de sa compagne lui tend un piège pour pouvoir l'assassiner et se remarier avec sa propre cousine de 16 ans...). D'ailleurs petit aparté, je trouve que les filles sont assez jeunes dans ce film, je sais pas si c'est inhérent à la culture et aux mœurs de l'époque mais que ce soit la servante Sisina - pourtant mineure - qui subit les avances répétées du vieux père de Ferdinando, ou tout simplement la jeune Angela et son "aventure" avec le même Ferdinando, tout ça m'a paru un peu tendancieux, m'enfin le film est d'une telle légèreté et d'une telle malice qu'il est impossible d'en tenir compte au premier degré.
L'intelligence de Pietro Germi dans ce film est également d'y dissimuler plus ou moins ouvertement une multitude de critiques acerbes et cyniques envers toutes sortes d'institutions, le mariage et le divorce évidemment puisque ce sont les sujets principaux du film mais également la bourgeoisie et ses commérages, la famille et même l'église ! Y a de plus quelques vrais moments de grâce - les rencontres entre Ferdinando et Angela notamment -, et sans être une révolution technique il y a tout de même quelques séquences qui valent le coup d'oeil pour leur plastique, l'Italie étant un merveilleux terrain de jeux qui facilite beaucoup de choses cinématographiquement parlant.
Bref ce film m'a véritablement enthousiasmé et je pourrais en parler des heures, me repasser les dizaines de passages géniaux (le plan final a lui seul, tellement parfait) qui mis bouts à bout font de Divorce à l'italienne une grande comédie, et un grand film tout simplement !
(Cerise sur le gâteau, la musique est magnifique: https://www.youtube.com/watch?v=P1gW0Urx7GE)
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Créée
le 15 août 2016
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