Clair comme de l'eau de roche
Pour ceux qui ne l'auraient pas deviné, voici l'adaptation des Dix petits nègres d'Agatha passé par le prisme du politiquement correct hollywoodien avec l'expatrié René Clair aux commandes et un casting de merveilleux seconds rôles...
On a Barry Fitzgerald, le flic de La cité sans voiles, en juge patelin, Judith Anderson, la gouvernante de Rebecca en vielle fille tricoteuse, Walter Huston en docteur alcoolique, Roland Young en détective privé, Mischa Auer en prince Russe excentrique, forcément, C. Aubrey Smith, le colonel de la Folle ingénue en vieille baderne, Richard Haydn et Queenie Leonard que vous avez aussi pu croiser dans le Lubitsch en majordome et son épouse qui ont très bien pu faire le coup et il y a même une sorte de faux couple de héros pour rassurer le spectateur, Louis Hayward, le mystérieux explorateur et June Duprez, la jeune fille désargentée...
Bien entendu, cette brochette de personnages emblématiques du roman policier anglais désuet est enfermé sur une île dans une charmante propriété pour un huis clos mystérieux où les morts commencent à s'empiler selon la comptine du titre.
Ne nous voilons pas la face, tout le monde a du lire le livre et les seules surprises de l'adaptation, y compris la mauvaise de la fin, n'apportent rien de bien palpitant à une oeuvre honnêtement réalisée mais sans génie particulier.
Alors, il reste à regarder nos vieilles trognes cabotiner de leur mieux sur leur bout de rocher frappé par les vagues, savourer le plaisir ineffable du week-end dans les demeures anglaises et profiter au mieux du décor sans trop soupirer si une petite sieste vous fait rater quelques minutes pas franchement inoubliables...