Si cette adaptation du chef d'oeuvre d'Agatha Christie brille par son casting étonnant (Charles Aznavour, Stéphane Audran aux côtés de Gert Fröbe et Richard Attenborough), côté ambiance on est loin du compte.
Comme dans le roman le scénariste réunit tout ce beau monde dans un magnifique endroit isolé du monde pour mettre en marche son plan diabolique à base de comptine macabre et de tourne-disque accusateur, mais en lieu et place de l'île anglaise battue par les vents on se retrouve ici dans un hôtel abandonné perdu dans un désert tout calme avec un soleil tout pâlot. Ambiance oppressante: moins dix points.
Pour la mise en scène rien de vraiment intéressant non plus, excepté un jeu d'allumettes entre le docteur et le juge autour d'un billard dans une salle plongée dans l'obscurité, quelques travellings "gialliesques" dans des dédales de couloirs avec silhouette sombre planquée dans la pénombre. Les meurtres en hors-champ peu inspirés reprennent de très loin ceux du roman: où est passée la hache ? Et la savoureuse mise en scène macabre lors du meurtre du juge, ici transformée en bête cadavre posé tranquillement sur son lit alors que le docteur déclame calmement un "Il est mort..." avant même de l'avoir examiné comme si de rien n'était ?
Même la comptine finit par passer à la trappe, et les scénaristes se sont même permis de changer l'excellent final pour lui rajouter un twist idiot après les trois derniers assassinats complètement bâclés, rah !
On pourra toujours se consoler en écoutant les chansons d'Aznavour dans la première demi-heure, où en entendant la voix d'Orson Welles retentissant dans le salon pour répandre les accusation, mais ça fait léger comme avantages...
Dix petits nègres s'en furent tourner,
L'un d'eux but à s'en étrangler
N'en resta plus que neuf.
Neuf petits nègres se couchèrent à minuit,
L'éclairagiste à jamais s'endormit
N'en resta plus que huit.
Huit petits nègres dans le Devon étaient allés,
Aznavour voulut y demeurer
N'en resta plus que sept.
Sept petits nègres fendirent du petit bois,
En deux le cameraman se coupa ma foi
N'en resta plus que six.
Six petits nègres rêvassaient au rucher,
Une abeille le monteur a piqué
N'en resta plus que cinq.
Cinq petits nègres étaient avocats à la cour,
Le chef op' finit en haute cour
N'en resta plus que quatre.
Quatre petits nègres répétèrent au matin,
Poisson d'avril goba l'un
N'en resta plus que trois.
Trois petits nègres s'en allèrent au zoo,
Une facilité de scénario de l'un fit la peau
N'en resta plus que deux.
Deux petits nègres se dorèrent au soleil,
L'un d'eux mourut en voyant sa paye
N'en resta plus qu'un.
Un petit nègre se retrouva tout esseulé
Se pendre il s'en est allé
N'en resta plus... du tout.