L'exil, la perte, le dénuement. Entre autres. Et la musique pour contrebalancer tout cela. Tant qu'elle sera là, il restera toujours des raisons de vivre. Tout Gatlif est dans Djam. Un cinéma qui se démène dans l'exubérance pour éviter de s'appesantir sur la tristesse d'un monde où des migrants meurent par milliers dans les eaux de la méditerranée. Cette énergie et cette générosité compensent peu ou prou la minceur d'un scénario qui se contente d'être au service d'un "chemin de traverse-movie" lequel se soucie assez peu de vraisemblance et de continuité narrative. Le film se suit sans déplaisir, d'une part parce qu'on y chante beaucoup, d'Istanbul à l'île de Lesbos, d'autre part parce que Simon Abkarian est une merveille d'acteur et qu'il a cette fois à ses côtés un vrai tempérament, l'inconnue Daphne Patakia, délurée, bienveillante et insolente, qui joue comme si elle était la petite-fille de Melina Mecouri. Le contraste n'en est que plus grand avec le rôle dévolu à Maryne Caron, celle d'une jeune française un peu perdue et qui ne sert que de faire-valoir à sa camarade. Mais qu'importe, Djam est une coproduction gréco-turque, ce qui est déjà une prouesse, et libère tellement d'effluves salés/sucrés qu'on ne lui tient pas (trop) rigueur de ses manques.