En 1943, le spectre de l’occupation étouffe la capitale mais alors que Paris se meurt, le swing demeure et Django en est le roi. Seulement la propagande nazie et ses valkyries ont les dents longues et elles le somment de jouer pour Goebbels. Reda Kateb incarne alors ce Django qui entendra le glas sonner et s’évadera vers la suisse. Aidé par sa maîtresse, brillamment interprétée par Cécile de France, c’est l’histoire d’un vagabondage, pris dans les griffes du Reich, pour sauver ses frères de guitares et de sang.
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Etienne Comar semble utiliser cet épisode de la vie de Django comme une emmanchure pour des divagations plus larges sur le génocide tzigane. Le biopic est donc assez inattendu et lorsque le guitariste s'émancipe du monde pour survivre à son époque, le swing de Comar s'enlise dans l’universalisme et délaisse le portrait du gitan magnifique qui aux manoirs de ses rêves drapait la détresse tzigane de ses plus beaux arpèges.
Enfin, il y cette scène, la dernière. Django y orchestre une messe funèbre dont ne subsistent aujourd’hui que des partitions en guenilles. Bien que réécrit pour le film, ce « Requiem pour mes frères tziganes » est d’une émotion transcendante. Django Reinhardt reste décidément l’un des plus grands compositeurs du 20ème siècle ! Et à la libération, dans cette chapelle où les tziganes se réunissent autour de l’orgue pour communier ce Dies iræ, la prière risque de vous sabrer le coeur.