Après avoir gratté la surface des westerns dits classiques, je me suis enfin décidé à m'attaquer au genre spaghetti, dont je n'avais jusqu'alors connaissance que grâce à quelques petites bombes signées Leone. Django, qui constitue je crois l'un de ses emblèmes les plus appréciés, me paraissait un bon point de départ.

Avant toute chose, je tiens à préciser que je comprends la démarche de démythification de l'Ouest américain, même s'il me semble que les étasuniens eux-mêmes ne se sont pas privés d'écorner la légende (dès 1955 avec le Vera Cruz d'Aldrich, bien plus encore avec l'émergence du western crépusculaire cher à Peckinpah (Hail to the King baby)).
Dès lors, je suis parfaitement prêt à accepter la violence débridée et l'amoralité constante, pour peu que celles-ci laissent une place, même minime, au propos et à l'empathie. Malheureusement, je n'ai pas trouvé mon compte ici. Je n'ai en général aucun mal à rouler pour des ordures, mais il faut que leur caractérisation soit à la hauteur, que leurs motivations soient consistantes, cohérentes et devinables sans forcément être explicitées lourdement.
Dans le cas qui nous intéresse, je suis resté totalement étranger aux gesticulations de protagonistes sans âmes, qui n'ont pas réussi à me faire sourciller malgré leur propension à tuer ou être tué, à torturer ou être torturé : un héros solitaire tellement archétypal qu'il en devient désincarné et des personnages secondaires plus caricaturaux les uns que les autres (les sudistes sadiques précurseurs du KKK d'un côté, les révolutionnaires mexicains imbéciles et barbares de l'autre, les putes et leur mac au milieu). Ajoutez à cela une amourette insupportable (comme le reste, elle est probablement volontairement ridicule, mais comme le reste, ce n'est pas pour cela qu'elle est plus digeste) et des fusillades bien trop excessives pour être jouissives (John Woo doit être fan de cette œuvre), et vous commencerez à comprendre ma note.

Celle-ci n'est cependant pas mise de gaieté de cœur, car tout n'est pas honteux, loin de là. La photographie et la musique sont parfaites, l'interprétation et la réalisation s'en sortent avec les honneurs malgré une tendance à l'outrance, excusable car consubstantielle au genre. Il serait également malhonnête de nier que certaines scènes sont exécutées d'une main de maître.

Ces quelques qualités indéniables me poussent à ne pas déconseiller absolument le film, d'autant plus que mon problème réside peut-être finalement plus dans le parti-pris du genre en lui-même que dans la pellicule proprement dite...à confirmer.
Kalian
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le 6 janv. 2011

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Kalian

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