Avec Tarantino, il y a quatre catégories de spectateurs : ceux qui disent "C'est qui lui ?", ceux qui lui vouent un culte, ceux qui le détestent à mort, et ceux qui suivent plutôt objectivement son parcours depuis Reservoir Dogs. Sans prétention aucune, je me rangerai dans cette dernière catégorie : sans être totalement fanboy absolu du personnage, force est de constater que c'est un réalisateur à part.
Déjà, c'est un amoureux du 7ème Art, et je pense qu'il nous le rend plutôt bien. Boulevard de la Mort m'avait dernièrement laissé sur le bord de la route, j'attendais donc beaucoup de ce Django Unchained, qu'on peut facilement identifier comme étant le film de sa vie. S'il se contentait jusque là d'égrainer ci-et-là des clins d'oeil amoureux aux westerns spaghettis (voir notamment Kill Bill), il se devait un jour d'assumer pleinement son statut en réalisant son propre western. Voilà donc qui est fait avec Django Unchained.
Alors qu'il aurait pu rendre sagement hommage à un genre aujourd'hui désuet (quoique déterré récemment par les frères Coen ou Andrew Dominik), Tarantino a une nouvelle fois fait du Tarantino : retourner tous les codes du western pour les cuisiner à sa sauce, et dont lui seul connait les ingrédients. Et autant dire que le résultat s'avère être fort réjouissant. Les habitués ne seront par ailleurs pas dépaysés : dialogues tirés au cordeau, direction d'acteurs impeccable, situations loufoques à la pelle, excès de violence, des face-à-face rondement menés...
S'il n'oublie pas les chevauchées à travers plaines et montagnes enneigées, ainsi que les fusillades sévères et autres caractéristiques du genre, l'essentiel est bien ailleurs : tout l'intérêt réside dans ces huis-clos menés d'une main de maître, laissant les acteurs déballer tout leur talent. Christoph Waltz en tête, qui continue sur la lancée d'Inglourious Basterds : très prolixe, très convaincant, ses paroles sont à boire comme du petit lait. Il en va de même pour Di Caprio, qui n'a vraiment plus rien à prouver. S'il cabotine un peu par moment, ses face-à-face avec Waltz sont croustillants. Et il y a enfin Jamie Foxx, qui se fait un peu éclipser par moment, mais qui en impose un max dès qu'il en a l'occasion.
Comme d'habitude chez Tarantino, Django Unchained vaut surtout ici pour la performance des acteurs et la grande qualité des dialogues. L'histoire se voit également comme étant une ode à la liberté, délivrant un message fort qui transparaît déjà dès le titre. Sans oublier cette touche d'insolence à propos de l'esclavage, où le réalisateur n'hésite pas à dépasser les bornes (il est d'ailleurs bizarre qu'aucune association ne se soit encore insurgée). Au final, ce sont 2h45 de pur plaisir bien jouissif, un vrai moment de ciné que seul Tarantino peut nous offrir. A ne surtout pas manquer.