Django Unchained par BastienInacio
Avis à chaud, donc rédigé après le projo et donc peut-être pas très cohérent.
Après le film noir, la blaxploitation, le ciné asiatique (wuxia, chambara, kung-fu…), le slasher et le film de guerre, le Bandit aux anchois s’attaque enfin frontalement au western.
Avec cette nouvelle variation du personnage de Django, héros emblématique du western spaghetti incarné pour la première fois par Franco Nero (qui fait ici un petit cameo ) et qui connut plusieurs avatars (dont un des plus connu est le pendant japonais de « Sukiyaki western Django » réalisé par l’inénarrable Takashi Miike et dans lequel apparaissait d’ailleurs Tarantino, vous suivez ?) , l’auteur de Pulp Fiction fait non seulement son entrée dans ce genre auquel il flirtait durant toute sa carrière mais aussi son premier « Gros » blockbuster (150 briques, ça commence à peser ), son film le plus ambitieux et son plus accessible (façon de parler).
Cette fois, Tarantino ne s’approprie pas cette fois un genre pour faire dans le patchwork référentiel (les clin d’œil de mise en scène , et de pop culture sont toujours là mais on ne ressent plus cette sensation d’étalement de culture outrancière , ce qui pour ma part n’était pas forcément un bémol auparavant mais passons) ou dans le décorticage théorique et récréatif ( à bon entendeur ) mais à l’adapter (oui, à l’adapter, comme on adapte un roman) tout en racontant une HISTOIRE à la fois spectaculaire et personnelle.
En traitant à travers cette histoire héroïque d’un noir affranchi par un chasseur de prime et prenant les armes contre des negriers de sujets telles que l’esclavagisme d’avant la guerre de Sécession (peu fréquent dans le ciné américain), « Django unchained » apporte une maturité surprenante (alors que pourtant logique, après tout) et bienvenue à la filmo du bonhomme, rappelant l’évolution technique et thématique de Spielberg de la fin 90’-début an 2000.
Les dialogues contiennent toujours leurs lot de désinvolture et de fuck attitude, et sont toujours aussi dense et épiques, cependant l’on sent l’expérience progressif d’un cinéaste confirmé qui cherche à se renouveler, et ça, on ne va pas s’en plaindre.
Pour ce qui est du spectacle à proprement parler , le Q.T n’a pas lésiné sur les moyens et offre quelque morceaux de bravoures généreux (à coup de ralenti à la Peckinpah) d’un carnage inouïes toujours aussi exacerbés comme on en avait plus vu dans un blockbuster de la sorte depuis les films américains de ce bon vieux « Hollandais violent » de Paul Verhoeven ( « total recall », « starship troopers »…) .
Et dernier point rapido, ben comme d’hab, le casting envoie du bois sévère et les acteurs entrant pour la première fois dans l’univers de Tarantino donne le meilleur d’eux-mêmes (Di Caprio en tête, qui ressemble de plus en plus au Deniro de la grande époque).
Tarantino songe à prendre prochainement sa retraite après deux ou trois films, compte tenu de ce southern fleuve qui fera date, qui n’est pas juste un hommage à Sergio Leone mais carrément son « Il était une fois en Amérique » à lui (la phrase de conclusion d’ « Inglorious Basterds » aurait plus sa place ici) , on peut dire que ce ne sera peut-être pas plus mal tant il aura du mal à faire bien mieux après ça (et puis entre nous , mieux vaut tirer sa révérence en état de grâce que de continuer inutilement et de creuser sa tombe artistique again et again…Eastwood forever) mais sait-on jamais.