Enfin ! avais-je envie de dire. Enfin Quentin Tarantino se décidait de signer un Western. Car même si Kill Bill et Inglorious Basterds comportaient certains éléments propres à ce genre tant chéri par le réalisateur culte, leurs ADN était toujours issus d'une combinaison. Le film de vengeance pour le dyptique présentant une Uma Thurman sacrément remontée contre ses ex-collègues, et le film de guerre pour l'épopée sanglante de ces Bâtards.
Mais c'est bien avec Django Unchained que QT ce décide une fois pour toute à ajouter sa pierre à un édifice, créé en grande partie par des icônes comme Anthony Mann, John Ford ou Sergio Leone. Ce dernier est d'ailleurs le modèle ultime pour Tarantino (Le Bon, La Brute et le Truand est son film préféré). Et ça se ressentait déjà avant: Tarantino a déjà fait appel à Ennio Morricone (compositeur des films de Leone) pour Kill Bill et Inglorious Basterds. Il récidive avec Django Unchained.C'est aussi cet amour pour les grands espaces et les personnages atypiques qui rapprochent les deux cinéastes. On a presque l'impression d'assister à un film de Leone le temps de quelques scènes (l'aridité qui se dégage de l'Ouest américain, le recours de flash back,...).
Il n'y a pas à dire, comme hommage c'est réussi. Seulement, Tarantino appuie quelquefois un peu trop sa révérence (certaines poses de son héros sont trop artificielles). Détachons nous maintenant de l'aspect hommage pour nous focaliser sur le plus intéressant: l'histoire. Quelle est-elle? Celle de Django, un esclave noir qui se fait libérer par le Docteur King Schultz, un dentiste reconverti en tueur à gages. Ce dernier est sur la piste de trois hors-la-loi, que seul Django pourrait reconnaître (les trois hommes furent jadis ses bourreaux). Schultz propose un marché à l'esclave: si Django coopère avec lui, le tueur à gages promet en retour de l'affranchir...et surtout l'aider à retrouver sa femme, vendue à un cruel propriétaire terriens.
Récemment attaqué par Spike Lee, au sujet de son traitement de l'esclavage aux États Unis, Tarantino se paye le luxe de ridiculiser doublement ses détracteurs. Un sujet aussi dur abordé comme un Western? Eh bien non seulement le cinéaste signe un Western de premier ordre, mais il n'occulte en rien l'horreur de cette période. Pratiques et paroles inhumaines envers la population noire sont montrées sans effets de style ou quelconque moyen pour les atténuer. Mais le vrai tour de force du script est d'avoir


l'un de ses méchants personnifié par...un noir


. C'est là toute la puissance de l'œuvre de Tarantino. Déstabiliser le spectateur en présentant un personnage d'une malveillance rare qui pourtant est autant victime du vice rongeant la société américaine d'alors que Django. Ce protagoniste est par corrélation aussi menaçant que jouissif car supérieurement intelligent à ses maîtres, le rendant alors bien plus puissant qu'eux. Une contradiction juste incroyablement bien pensée. Et que dire de l'interprétation de Samuel L. Jackson? Sûrement sa performance la plus intense depuis Incassable (2000). Pour autant, pas sûr que ce soit lui qui trône sur le film. Deux de ses partenaires se révèlent aussi prodigieux. Dans le peau de Calvin Candie, l'homme qui tient sous son joug la femme de Django, Leonardo DiCaprio - dans son premier vrai rôle de bad guy - est un délice de perversité. Une prestation d'autant plus remarquable que DiCaprio prend un malin plaisir un malmener son image de bel homme, en étant capable de se montrer aussi charmant et cocasse que profondément répugnant, quand il débite les paroles les plus insultantes vis à vis des noirs. Mais c'est peut être Christoph Waltz qui vole la vedette à tout ce beau monde. Ironiquement dans un rôle diamétralement opposé à celui qu'il tenait dans Inglorious Basterds, il est ici époustouflant d'humanité, de charisme et d'humour. Et Django dans tout ça? Eh bien, c'est peut être finalement le petit problème du film. On est tellement mouché par les performances des trois acteurs cités plus haut qu'on se désintéresse presque du héros principal. Il faut dire que Jamie Foxx a beau être très bon, il essaie parfois de trop faire une performance. Ce qui, paradoxalement, lui fait perdre en crédibilité.
La dernière partie (les 15 dernières minutes dirons-nous)est à l'image de son héros: trop. Trop longue, trop ampoulée. Autre petite anicroche: le choix de certaines musiques (les morceaux de Rap de Rick Ross et 2Pac) laissent perplexe. Mais ne vous trompez pas: c'est un nouveau bijou que nous offre le réalisateur. Un hommage vibrant autant qu'une œuvre singulière sur l'Ouest, qui n'avait pas été sublimé comme ça depuis longtemps.

ConFuCkamuS
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le 25 juil. 2019

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