En plus d'être un western d'un genre nouveau, de par sa tonalité politique voire polémique, outre la patte tarantinesque qui mêle humour, violence et esthétisme, "Django Unchained" rend hommage au cinéma, ce que bien des films omettent de faire. Loin, très loin du film d'action classique où le mouvement disgracieux de héros insipides et plats insultent le spectateur, où les dialogues ont aussi peu d'utilité que dans un film pornographique, le chef-d'oeuvre de Tarantino inverse cette tendance, pourtant tenace, et prouve une fois de plus qu'un dialogue et une mise en scène savamment maîtrisés,qu'un jeu d'acteurs magistral, peuvent faire monter la tension de façon bien plus spectaculaire encore. La bande son donne des frissons, les paysages émerveillent, les dialogues font mouche, les personnages glacent le sang ou fascinent, et enfin le point d'orgue de chaque action punitive provoque chez le spectateur cette jouissance malsaine (pas tant que ça finalement), qui trouve sa légitimité dans l'esthétisme absolu de chaque scène. Et c'est ce concentré de génie qui fait de chaque séquence un tableau cinématographique d'une puissance poétique (d)étonnante, d'une beauté visuelle implacable, d'une force dramatique et cathartique qui retourne le spectateur. Tout comme le précédent opus, Tarantino nous invite à entreprendre l'impossible: modifier le cours de l'Histoire, et la réécrire, s'affranchir (comme Django) de toute bienséance tout en livrant une représentation des plus réalistes et des moins complaisantes de ce que fut l'esclavage ... Un film historique à la sauce Tarantino (d'où le jeu de mots vaguement drôle de mon titre)... J'ose appeler cela un chef d'oeuvre.