Si "Les mouvements du bassin" m'intéresse autant que de me rendre à une foire aux huiles de palme dans le Périgord, je ne boude pas mon plaisir à voir une comédie signée Attal où celui-ci compte s'essayer à...la chose avec Cluzet.
Mais de quoi parle-t-on au juste ?
En premier lieu, d'un homme marié à la vie tranquille et ordonnée: Ben. En second débarque Jeff, garçon frivole et libéré au look à la Chuck Norris. Il propose à son pote tout juste retrouvé un pari justifiant l'art lui-même: ils concrétiseront demain soir en tant qu'hétéros. C'était sans prévoir la réaction de la femme de Ben (sublîme Laetitia Casta), et la remise en jeu de tout ce qui gravite autour de leur mariage.
Le sujet, aussi culotté soit-il (façon de parler...), conduit ainsi le spectateur à penser l'amitié comme le miroir du couple, car l'ayant palpé nous connaissons désormais ses limites. C'est dans celles-ci qu'Yvan Attal puise pour construire son film, haut en couleurs et fort de propositions.
Il signe donc ici une composition soignée où cohabitent deux éléments forts dans les plans: la caméra tantôt proche et tantôt lointaine qui s'agite tel un regard, et un travail de l'image sur laquelle apparaît volontairement une taie floue pour chaque plan. Ils mesurent ensemble l'entrée dans l'intimité des personnages comme pour dire au spectateur de ne pas déranger. Pourtant quel plaisir d'observer la danse des regards à laquelle se prêtent les acteurs. Mention spéciale à François Cluzet troquant sa grâce et son fin parlé dans Intouchables contre le profil du cow-boy bourru et jovial qu'est Jeff. Ajoutez à cela une photographie talentueusement mise en oeuvre, car c'est là où Attal étonne, et mon assonance détonne !
Trèves de rimes, Do not disturb n'est pas une oeuvre d'art en soi, mais plutôt un exemple sympathique de ce que peut faire le cinéma français en matière d'expérimentation du genre. Ici, Attal m'a convaincu.