La chaleur plombe les rues. Les corps mais surtout les esprits s'échauffent. Jusqu'à l'inéluctable, annoncé dès l'introduction. I'm gonna kill... Do the right thing est en ce sens une tragédie, et Spike Lee s'amuse à la théâtraliser au cinéma. La trinité action, lieu, temps est bien là, mais de théâtre il n'y a pas que cette grammaire d'écriture. Lee va plus loin, il se fait plus audacieux. La danse d'introduction donne le ton, mais la suite est bien plus parlante. En fait Spike Lee désacralise les dialogues, et leur mise en scène. Exit les habituels champs contre champs ou face à face. Les échangent verbaux sont majoritairement des soliloques, filmés plein cadre, souvent dénués de vie en arrière-plan, plantant le personnage dans le rôle d'un déclameur monologuant face caméra sur une scène invisible, s'adressant autant au spectateur qu'à son interlocuteur. En ce sens on ne peut pas dire que le quatrième mur est réellement brisé, car le réalisateur joue à l'équilibriste de la même façon avec laquelle il gère son histoire.
Là encore, Splke Lee ne choisit pas spécialement son camp. Il montre plutôt que démontre aidé en cela par cette mise en avant des actions des personnages comme dans un show permanent, en jettant un brouillard sur le réalisme de la toile de fond pour n'en tirer qu'une certaine caractérisation outrancière. A ce jeu, difficile de vraiment s'attacher à l'un ou l'autre des personnages. De toutes manières en opposant aussi clairement Malcom X et Luther King, le film ne pouvait que choisir la voie du milieu, celle qui laisse chacun libre de son choix. Do the Right Thing. Il est juste dommage que la dernière scène, juste avant la fermeture de rideau au son du flow de Love Daddy, remette ce choix d'écriture en question.