Revenu visiblement entier de l'univers sulfureux de Vladimir Nabokov, Stanley Kubrick adapte le roman "Red Alert" de Peter George, donnant lieu à une des satires les plus célèbres et mordantes du septième art.
Reflet déformé et goguenard du "Point limite" de Sydney Lumet tourné à la même époque, "Docteur Folamour" permet à Kubrick de montrer qu'il a un sacré sens de l'humour, et de livrer sa vison totalement déjantée et navrante de l'espèce humaine, une façon de nous dire que l'avenir du monde est entre les mains de singes savants complètement dégénérés.
Tourné dans un superbe noir et blanc et dans les décors fantasmés de Peter Murton et Ken Adam, où la mise en scène froide et calculée de Kubrick trouve un échos parfait dans le bordel ambiant qu'elle illustre, "Docteur Folamour" est un sacré délire peuplé de zigotos aussi drôles qu'effrayants (grandioses Peter Sellers et George C. Scott), moquant joyeusement tout patriotisme exacerbé et bellicisme primaire (excellent détournement de"When Johnny come marching home"), se concluant en une apocalypse absolument jouissive.