La filmographie de Stanley Kubrick a ceci de particulier c'est que sans être très longue, elle est l'une des plus variées du cinéma américain.
En quelques films seulement le bonhomme a su aborder tous les genres ou presque.
Quand il réalise Docteur Folamour, il a déjà dix ans de carrière et son nom n'est plus celui d'un inconnu et il a su s'affranchir du poids des studios hollywoodiens.
Le succès de Lolita en 1962, lui assure toute liberté sur ses nouveaux projets et de décider de tout le processus de production.
Ce film marquera une étape vers son éloignement d'hollywood et de son système qu'il juge perverti. Tourné à New-York, il déplacera la post-production du film en Angleterre pour s'y installer définitivement.
Artistiquement parlant, le film marque également un tournant dans son oeuvre. Fidèle au noir et blanc, (même si Spartacus...) Kubrick laisse la part belle à son art de prédilection et offre au spectateur un travail sur la photographie qui marquera le reste de son travail derrière la caméra. Les cadrages et la recherche des contrastes relèvent en effet de la tradition photographique.
Pour son troisième film de guerre (Fear and desire, les sentiers de la gloire) et avant Full metal Jacket, il adapte un roman on ne peut plus sérieux de Peter George (signé Peter Bryant ou Brian Peters suivant les éditions) en choisissant l'angle de la comédie noire et de faire un représentation abstraite des conflits contemporains. Du matériau original, il ne conservera pas grand chose finalement si ce n'est l'utilisation de la paranoïa.
Cette distanciation n'enlève rien à la pertinence et à la richesse du propos. La qualité du scénario, le jeu de Peter sellers qui donne la mesure de son génie comique en incarnant rien moins que trois personnages, ont fait de ce film un classique indémodable en mettant en relief certains aspects de la guerre froide.
L'idéologie antimilitariste chère au réalisateur se voit encore une fois merveilleusement illustrée par l'absurdité des situations présentées les multiples allusions sexuelles qu'elles soient explixites ou juste allusives. Le thriller annoncé devient de cette façon la comédie corrosive et fascinante que l'on connait.
Tout ça pour dire que



Ce n’est pas la taille du machin qui compte, mais l’usage que l’on en fait.



Parce que c'est bien connu que l'impuissance d'un général homosexuel refoulé relève bien sûr d'un vaste complot communiste !

Rawi
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Stanley Kubrick et Top critiques (films)

Créée

le 31 mars 2016

Critique lue 2.9K fois

65 j'aime

3 commentaires

Rawi

Écrit par

Critique lue 2.9K fois

65
3

D'autres avis sur Docteur Folamour

Docteur Folamour
Strangelove
10

Le cous(s)in Pete(u)r.

Docteur Folamour (prononcez Strangelove en VO) est mon Kubrick favori. Pas celui devant lequel j'ai ressenti le plus d'émotions ou même d'admiration plastique, mais certainement celui qui m'a le plus...

le 5 déc. 2013

122 j'aime

25

Docteur Folamour
Rawi
9

Apocalypse burlesque

La filmographie de Stanley Kubrick a ceci de particulier c'est que sans être très longue, elle est l'une des plus variées du cinéma américain. En quelques films seulement le bonhomme a su aborder...

Par

le 31 mars 2016

65 j'aime

3

Docteur Folamour
Ugly
8

Le péril atomique tourné en dérision

L'idée de ce film est venue à Kubrick après qu'il ait entendu le président Kennedy dire que la guerre atomique, que l'on déclenche uniquement en pressant sur un bouton, a mille fois plus de chance...

Par

le 4 févr. 2019

48 j'aime

12

Du même critique

Bienvenue à Gattaca
Rawi
10

Critique de Bienvenue à Gattaca par Rawi

Un des meilleurs sinon le meilleur film d'anticipation existant. Scène d'ouverture, une des douches les plus hygiéniques jamais filmées. Des lambeaux de peaux, tombent dans le bac à douche les uns...

Par

le 31 oct. 2012

185 j'aime

23

Le Petit Prince
Rawi
9

Poésie initiatique

Cher Antoine, Quand j'ai fait la connaissance de votre petit Prince, je n'étais qu'une petite fille qui commençait ses découvertes littéraires. Bien sûr qu'à 7 ans, je n'ai pas tout compris. La...

Par

le 26 avr. 2016

133 j'aime

9

Under the Skin
Rawi
8

Poème érotique

Le film s'ouvre sur un oeil, un regard qui se forme, une langue qui se prononce maladroitement. Fond noir ! L'intérêt majeur de cette adaptation est son ACTRICE principale. A la fois très connue,...

Par

le 4 juil. 2014

130 j'aime

33