Quand la satire politique l'emporte sur l'humour

Après son très réussi Les sentiers de la gloire en 1957, fidèle à ses idéaux pacifistes, Kubrick s'en va de nouveau en guerre. En guerre contre... La guerre froide. Au-delà que la réalisation, plutôt réussie, c'est le scénario qui m'a dérangé.

Le genre de ce long-métrage est une comédie. On peut donc justement supposer que Kubrick va user de la caricature pour son objectif dans ce film : prouver l'absurdité de ce conflit. De plus, vu le titre, on se dit que le Docteur Folamour va jouer un rôle important dans cette fiction. Partons de ces suppositions.

En premier lieu, oui. Le film est caricatural au possible. La critique classique des généraux américains bornés et stupides nous donne quelques sourires. Cependant, Kubrick use et abuse de ce procédé. La conversation entre le président américain et Dimitri, le président russe, ivre, dure quelques minutes mais semble interminable tellement qu'elle manque cruellement d'humour et de subtilité. On comprend parfaitement que Kubrick veut rendre comique la scène par la longueur. Néanmoins, quelques échanges subtils et recherchés auraient suffi.

Ensuite, Dr. Strangelove est censé être une comédie. Pas un film de guerre, ni un historique. Une comédie. Ainsi, quel est l'intérêt de montrer l'équipage du B-52 et de multiplier les plans de l'avion de façon outrancière par rapport à leur importance dans l'histoire mais surtout leur degré zéro de pouvoir comique ? A croire que Kubrick a voulu remplir les trous car il n'avait pas assez de gags sur le sujet pour une comédie de 90 minutes. Puis que dire de la chute du commandant de bord chevauchant le missile avec un chapeau texan sur la tête ?

Venons-en au Docteur Folamour. Certes, l'interprétation (triple) de Peter Sellers est impeccable. Néanmoins, Dr Strangelove est le titre de cette fiction. L'importance du Docteur se résume à une remontrance aux soviétiques et une scène finale où il fait part au Président, durant cinq minutes, de son analyse nazie sur l'avenir du monde. Certes, l'amalgame entre le gouvernement américain et le régime nazi est très ingénieux et culotté. Cependant, selon moi, le rôle de Folamour aurait du être plus important au détriment des scènes sur le B-52, et de ce fait, moins abusif et condensé sur la fin.

Pour conclure, Dr Strangelove or How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb est un long-métrage où la satire politique l'emporte sur l'humour. Toutefois, il existe des points positifs. Pour l'avoir sorti juste après la crise des missiles de Cuba, le culot de Kubrick est admirable et j'ai adoré la dernière scène où se succèdent les plans nucléaires sous fond de We'll meet again. Nominé aux oscars et auréolé du meilleur film britannique 1965, je ne peux nier que le film a du susciter l'enthousiasme à sa sortie. Néanmoins, il a très mal vieilli. Et pour l'immense cinéaste que fut Stanley, malgré son message politique pertinent, on peut lui reprocher le manque d'intemporalité de son œuvre. Comme le souligne Thomas_Dekker, dont je me suis inspiré pour écrire cette critique.
Pretoria
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le 19 août 2013

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