On pourrait uniquement résumer ce film à la performance de John Barrymore (déjà star du théâtre, mais encore à ses balbutiements dans le monde du cinéma) qui incarne un Mr Hyde relativement convaincant, tout en agressivité et grimaces, aidé dans sa tâche par un maquillage efficace et une caméra sachant correctement saisir ses expressions faciales, parfois à la limite du grotesques et du surjeu, il faut l'admettre. Les séquences de transformations sont particulièrement intéressantes, surtout la première, observer ces longues mains crochues se débattre de toutes leur sauvagerie contenue s'avère bien plus captivant que le reste du film.
Car, qu'on se le dise, on ne peut dire qu'il soit parfaitement réussi. Il manque de calcium, il ne réinvente rien, il n'ose pas, alors qu'il adapte l'un des récits les plus taillés aux frasques en tout genre. Ici, elles sont résumées à quelques intertitres, les méfaits et la perversion de Hyde n'existent que dans ces mots, à l'écran, on ne l'aperçoit qu'écumant les bouges et c'est bien décevant. Il ne se passe pas grand chose, le docteur Jekyll est barbant, tout comme le sont ses amis et nous n'assistons en somme qu'à une répétition générale de personnages qu'on a l'habitude de voir dans des situations plus rocambolesques.
John Robertson n'avait pas l'air décidé à atténuer la fadeur de son script, il est bien sage dans sa réalisation et hormis nous promener dans un cadre victorienne brumeux plutôt bien restitué, il ne nous surprend jamais véritablement. J'ai toutefois apprécié cette scène où dans son lit, le docteur Jekyll est attaqué par une sorte de créature arachnide le transformant en Hyde, seul plan horrifique ne se reposant pas uniquement sur les talents de Barrymore.
C'est frustrant que ce film ne soit pas plus intéressant, appréciant fortement le genre horrifique et le cinéma muet, j'aurais aimé le voir s'inscrire au côté des autres grands films d'horreur de la première moitié des années 1920, à l'instar de Nosferatu ou du Golem. C'est comme s'il ne cherchait pas à s'extraire de sa simple condition d'adaptation lambda, de repenser son récit pour s'inscrire dans le temps. Il semblerait que l'idée générale se limitait à capitaliser sur Barrymore. Dommage.