David Lam n'est pas le réalisateur/producteur Hong Kongais le plus célèbre qui soit. Tout au plus, quelques connaisseurs s'en souviennent pour avoir initié une mini vague de films de gigolos et pour avoir signé deux polars rétros de facture correcte. Pour le reste, Lam n'a guère de titres de gloires à mettre en avant. L'homme n'est qu'un metteur en scène quelconque aux œuvres pas désagréables mais vite oubliables. L'incarnation du ventre mou de la production locale en quelque sorte. Doctor's Heart appartient à cette catégorie de films regardables mais sans inspiration particulière.

Il suffit d'ailleurs de regarder les 15 premières minutes du métrage pour deviner à l'avance toutes les ficelles dramatiques que Lam va exploiter afin de tenir les 90 minutes règlementaires. D'un coté, on a l'incontournable triangle amoureux structuré en 3 actes. De l'autre, on a droit au drame père/fils dont a toujours raffolé le cinéma cantonais. Et puis, pour finir, une petite exploitation du contexte spécifique du film avec maladie grave et opération risquée à la clé. Rien de bien original donc mais un réalisateur efficace et un casting adéquat peuvent toujours assurer un spectacle dramatique satisfaisant.
Doctor's Heart ne brille malheureusement dans aucun de ces départements. Avec Hong Kong Gigolo (son chef d'œuvre !), Lam avait réussi à atteindre un tel degré de surdramatisation (être gigolo devenait un métier plus risqué que commando durant la guerre !) que son l'accumulation de clichés, de mauvais goût devenait proprement jouissive. Mais ici, le metteur en scène semble avoir hésité sur la direction à prendre. Et si on retrouve quelques touches dramatiques exagérées (le fils qui opère son père alors que ce dernier lui dicte ses instructions, le combat de ballons), elles sont très diluées au sein d'un récit plutôt posé et attendu. Etant donné le peu d'inspiration du scénario, cette réalisation sage n'est pas à l'avantage du film.
La distribution est elle aussi entre deux eaux. Mark Cheng fait de son mieux pour donner vie à son personnage de jeune docteur idéaliste et honnête mais son physique agressif et son passif dans les rôles de méchant freinent sa crédibilité. Face à lui, on trouve Simon Yam dans sa période « ordure finie ». Sa belle apparence contraste efficacement avec sa personnalité arriviste et égoïste. Dommage cependant que la direction d'acteur le pousse parfois trop loin, plus d'une fois à la limite de la caricature (le passage « gay ») là où la dramaturgie incline surtout vers le sérieux. Cible de leur attention, la toujours jolie Michelle Reis. La belle est dans sa gamme de rôle habituelle (la jolie potiche) et son interprétation est tout juste correcte. Quelques personnages secondaires sympathiques viennent heureusement étoffer la distribution. C'est moins le couple Lowell Lo (toujours bloqué en mode surjeu comique)/Amy Yip (fort sâge) que la présence de Bill Tung (excellent en vieux médecin bougon) ou Ni Kuang (convaincant en tant que chirurgien déchu) qui donnent un peu de corps et de personnalité au film.

Doctor's Heart n'est ni particulièrement mauvais ni vraiment bon. C'est juste un drame quelconque, aussi vite regardé qu'oublié. David Lam fera beaucoup plus mémorable (à défaut de vraiment meilleur) avec Hong Kong Gigolo ou First Shot.
Palplathune
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le 28 févr. 2011

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