L’omniprésence des productions Marvel à l’affiche des cinémas ne fait plus illusion. Depuis bientôt dix dans, la franchise a produit nombre de films développant l’histoire des personnages des comics Marvel, les faisant agir et interagir dans un univers commun en vue d’un colossal affrontement final d’ici quelques années. Quasiment chaque année, un nouveau personnage fait son apparition, chacun ayant ses propres caractéristiques et ajoutant une nouvelle particularité dans ce monde rempli de super-pouvoirs. Le personnage dont fait l’objet ce film, le fameux Doctor Strange, s’annonçait plein de promesses et de bonnes intentions.


Alors qu’un vent de lassitude semblerait peu à peu s’élever face à des super-héros tous relativement lisses et stéréotypés, que pourrait-on espérer d’un super-héros voyageant à travers les dimensions et capable de s’affranchir des limites de l’espace-temps ? Immeubles déformés, villes sans dessus-dessous, certains plans proposés par la bande-annonce on ne peut plus alléchante du film ne pouvait nous empêcher de discerner des similitudes avec un certain Inception de Christopher Nolan. Il n’est pas question, ici, de parler d’un personnage à la force physique surhumaine, ou aux capacités régénératrices incroyables, mais bien d’un héros qui tire toute sa force de son esprit et des enseignements qui lui ont été inculqués afin de suivre cette voie.


Arrogant et antipathique, Steven Strange a tout du anti-héros méprisable qui, paradoxalement, parvient à tirer de ses pairs une forme d’admiration due à ses capacités intellectuelles et techniques hors normes. Strange n’est pas un beau gosse tout sourire qui se veut être défenseur de la veuve et de l’orphelin. Ses motivations sont avant tout très personnelles car il souhaite recouvrer pleinement l’usage de ses mains suite à un grave accident de voiture, afin de pouvoir à nouveau exercer son métier. Égoïste et condescendant, Strange n’a de respect que pour lui-même, mais son sens de l’humour, son cynisme, et sa capacité à se détacher de la réalité entraîne vers lui une forme de sympathie.


Si les finalités de la quête menée par le héros (sauver le monde de la destruction) restent communes à à peu près toutes celles des films de super-héros, Doctor Strange intéresse par son exploration de l’esprit et des dimensions. Le « multivers » proposé par le film offre une infinité de possibilités générées par des chocs entre les dimensions et la puissance de l’esprit humain. Cela permet de donner lieu à des affrontements dantesques dans un New York complètement distordu, et à des voyages dans des dimensions insoupçonnées, laissant libre cours aux créateurs d’effets spéciaux pour se lâcher littéralement sur l’utilisation des couleurs, dans des scènes qui offrent un clin d’œil plus que visible à 2001 : L’Odyssée de l’Espace de Kubrick.


Dans cet univers plein de potentiel où l’espace et le temps peuvent être déformés à la guise du héros et donner lieu à des scènes étranges, grotesques voire cocasses, le spectateur est entraîné dans un flot incessant de mécanismes tortueux mis en image par des effets spéciaux multiples, au risque de vite lui faire perdre pied. Sous couvert d’une originalité apparente, Doctor Strange semble s’annoncer comme celui qui va bouleverser les codes Marvel, mais il ne faut pas se leurrer, car il n’en est rien. Bien que très attrayant par son côté mystique et « sci-fi », il suit la voie empruntée par une franchise standardisée qui poursuit sa quête effrénée dans la surenchère de super-héros, dans l’attente d’un affrontement final dont on redoute de plus en plus l’approche tant il y aura de personnages à intégrer. Doctor Strange est séduisant par son côté « Marvelception » qu’il parvient à exploiter partiellement, mais on sent que le film ne va pas jusqu’au bout de ses ambitions.


Comme entravé par cette sorte d’épée de Damoclès qui le surplombe, Doctor Strange se contente de proposer du fan-service en ne parvenant pas suffisamment à s’affranchir des codes de l’univers Marvel. Logique, me direz-vous, car c’est un film Marvel. C’est vrai, mais il suffit de penser à Deadpool pour se dire que ce n’était pas bien compliqué. Le film tombe malheureusement dans le piège de la facilité et du second degré, ce qui n’en fait pas un film mauvais, très loin de là, mais ne lui permet pas d’exploiter à 100% ses capacités. Au-delà de ces quelques reproches, Doctor Strange m’a tout de même permis de profiter d’une séance agréable, agrémentée d’expériences visuelles assez incroyables. Benedict Cumberbatch convient très bien dans la peau de ce personnage à part, que je trouve très attrayant, et dont j’attends les prochaines aventures qui, peut-être, oseront davantage afin de révéler tout le potentiel de cette nouvelle saga naissante.

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le 1 nov. 2016

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JKDZ29

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