Sam Raimi amène Doctor Strange dans son univers horrifique haut en couleur et une avalanche d’idées visuelles folles, une variété mystique surprenante, parfois déroutante, et bien souvent même déstabilisante.
Si le film ne manque pas d’idées ni de liens avec les séries Disney+ (et tout particulièrement WandaVision), je regrette pour ma part un manque de crédibilité et de réalisme frappant. Le film part dans tous les sens, à tel point que l’on se demande si Raimi n’a pas souhaité jeter dans ce film toutes les idées qui lui sont venues de manière anarchique (à l’image de l’affiche indigeste).
Pour ce qui est de la continuité dans le MCU, ce film place de nouveau le contexte de l’histoire au sein du multivers (largement instauré dans le film précédent). Le problème est que je ne sais pas encore tout à fait si j’apprécie ou non ce fil rouge de confrontations entre univers alternatifs. Tout est permis et plus rien n’a de logique. D’une certaine manière, c’est la standardisation de la bizarrerie. D’autant plus avec ce film qui met en scène des magiciens mystiques et des sorcières diaboliques. Franchement, je suis un peu déçu. J’avais adoré le premier Doctor Strange, et je suis un peu resté sur ma faim avec cette suite. L’idée d’un opus plus machiavélique, plus horrifique, aurait mérité une plus grande précision. Doctor Strange aurait pu être confronté à un monde d’épouvante à l’image d’un Evil Dead 3, sur toute la durée du film, cela ne m’aurait pas du tout dérangé, bien au contraire. Ce qui m’agace ici, c’est le mélange des genres, qui ressemble davantage à un tâtonnement sceptique, indécis.
Pour ce qui est de la panoplie des personnages, on retrouve bien entendu Benedict Cumberbatch dans le rôle du super héros mystique. J’ai l’impression que sa perruque dénote. C’est surtout ça qui m’a dérangé chez lui pour être tout à fait honnête (j’avais déjà eu ce sentiment dans le dernier Spider-Man). On note également le retour de Mordo, enfin le Mordo d’un univers alternatif. J’aurais apprécié découvrir ce qu’il advient du Mordo que l’on connait (peut-être reviendra-t-il dans un Doctor Strange 3, je l’espère). Wanda Maximoff est vraiment le personnage qui sauve ce film, selon moi. C’est en tout cas elle qui m’a procuré le plus d’attentes et de plaisir. Wong devient une caricature. Amercia Chavez… je n’ai même pas envie d’en parler... Si en fait, je vais résumer rapidement mon idée. Elle est juste éclatée au sol, on ne va pas se mentir. Franchement, cette ado rebelle qui a tué ses mamans lesbiennes et qui menace le monde, car elle ne sait pas contrôler ses pouvoirs, et vraiment clichée à souhait… Rien à rajouter, on est d’accord, ça pue du cul. En plus, on ajoute à cela des pouvoirs magiques tout girly, bien dégueu . La meuf ouvre des portails en forme d’étoiles de Super Mario. Limite, elle aurait envoyé des cœurs comme Peach ça ne m’aurait même pas étonné. Non, franchement Raimi a pété les plombs, là.
Les effets numériques… il y en a beaucoup trop. Le film nous donne l’impression de ne pas réussir à suivre la cadence technique. J’ai trouvé que c’était parfois vilain. Aussi, c’est comme si la qualité esthétique régressait. Le monstre-pieuvre en guise d’introduction est loin d’être parfait. Il est même très moche et peu crédible. On n’y croit pas une seule seconde. Lorsqu’on regarde de près les effets spéciaux, et notamment les séquences ou les voitures se brisent, ou les bâtiments explosent, on se rend compte que les productions s’avèrent moins exigeantes que par le passé. Je le regrette. Je préférerais qu’il y ait moins d’effets spectaculaires, mais qu’ils soient tous réussis. Par ailleurs, je me demande à quel moment les producteurs ont pensé que c’était une bonne idée de dépenser une fortune dans une séquence ou les protagonistes se battent avec des clefs de sol et du solfège. C’est tellement de la merde cette scène. Non, c’est du gâchis en fait.
La séquence des super héros alternatifs était une bonne idée, sauf qu’on l’a déjà vu plusieurs fois dans d’autres films et série du MCU. Ils ne vont quand même pas nous faire ça dans tous les films j’espère (d’autant plus que ça a beaucoup moins d’impact ici que dans Spider-Man, on ne va pas se le cacher).
Qu’est-ce que je peux dire d’autres sur ce film. Il y a de bonnes idées, mais il y en a d’autres qui détériorent le spectacle. C’est brouillon. Ce n’est pas bien défini. Ça manque d’intention précise. Il y a trop d’idées. J’ai quand même passé un bon moment, mais je trouve que le film aurait pu être mieux, avec un minimum d’effort supplémentaire, et sans doute, un sérieux tri. Wanda sauve l’honneur, avec une vraie profondeur de méchant. Ouf.
Après l’effet waouh ressentie au cinéma, j’ai acheté le Blu-Ray et j’ai revu le spectacle qui m’a fait un effet « ouais, mais en fait non »… Vous voyez ce que je veux dire. Doctor Strange in the Multiverse of Madness fait partie de cette catégorie de film qui nous donne la fausse impression de devoir être vu plusieurs fois pour être apprécié à sa juste valeur. Mais en réalité, il n’a pas grand-chose dans le ventre. Je ne suis pas conquis, juste diverti. C’est déjà bien ceci dit.