Pur euphémisme que de dire que "Sheitan", le précédent long-métrage de Kim Chapiron, transfuge du collectif Kourtrajmé, avait divisé la critique. Pendant que certains y voyait le renouveau d'un jeune cinéma français plein de vitalité, les autres n'y voyait qu'un navet puéril torché par des sales gosses, pas franchement aidé par la prestation "out of this world" d'un Vincent Cassel en roue libre dont ne sait trop encore s'il faut y voir du pure génie ou un suicide artistique total. Quoi qu'il en soit, "Dog pound", récompensé dans plusieurs festivals, devrait mettre tout le monde d'accord. S'attaquant cette fois à un véritable sujet, Chapiron n'y va pas par quatre chemins et assène au spectateur rien de moins qu'un uppercut en plein estomac. Apprenant manifestement des erreurs du passé, le jeune cinéaste adapte sa mise en scène à son récit (et non l'inverse) sans pour autant abandonner l'énergie brute qui caractérisait son précédent essai. Violent (aussi bien physiquement que psychologiquement), sans concession et d'une rage intense, son film montre les choses sans fioritures ni excès, faisant preuve d'une réelle maturité et surtout d'une retenue étonnante, ne jugant jamais ses personnages (qu'ils soient détenus ou gardiens) sans pour autant excuser leurs actes, se contentant de montrer des hommes entièrement bouffés par la rage autodestructrice qui les habite. S'achevant dans un maelstrom de fureur qui risque de marquer durablement la rétine du spectateur, "Dog pound" est un cri de colère qui touche autant au coeur qu'aux tripes, interprété par des jeunes comédiens exceptionnels (mention particulière pour Adam Butcher, magnifique d'intensité), porté par une superbe bande son bluesy et révélant un futur grand cinéaste.