Quand Kevin Smith s'attaque à la religion, ça donne Dogma, un concentré de satyrisme réfléchi, intelligent et férocement drôle ! L'histoire, aussi farfelue soit-elle, nous narre comment deux anges déchus adeptes de contradictions complémentaires (l'excellent duo Ben Affleck / Matt Damon) veulent renverser Dieu lui-même et comment seule la descendante du Christ peut les stopper. Pour ce faire, elle doit s'allier à deux gugus obsédés de la fesse (les hilarants Jay & Silent Bob) ainsi qu'aux 13e et 14e apôtres incarnés par Chris Rock et Salma Hayek...
Car dans l'Évangile selon Kevin Smith, ces deux apôtres furent volontairement oubliés des écrits sacrés parce que l'un était noir et l'autre une activiste féminine ! Vous l'aurez compris, Dogma c'est du Kevin Smith en barre, un film hilarant de bout en bout, bourré de répliques cinglantes, de guest stars bienvenus et de scènes mémorables au même titre que Clerks. L'acteur-réalisateur-scénariste réussit donc à nous retourner le cerveau à travers ce road-movie déjanté grâce à des dialogues percutants prêtant à fortement réfléchir.
Entendre dire que Dieu est un blagueur, qui plus est une femme, que Jésus a des frères et sœurs et qu'il a fallu cinq Adam pour que Dieu comprenne qu'il ne faut pas parler directement aux humains sans que leur "âme et leur cœur" n'explosent ne sort pas de l'ordinaire. C'est donc avec une culture profonde et un réel travail d'écriture entremêlant avec brio théologie et pop-culture que Kevin Smith arrive à nous captiver avec une rare intelligence et un goût de l'humour noir, parfois vulgaire mais sans cesse décalé.
Ainsi, agrémenté de séquences d'action dingues, d'effets spéciaux particulièrement réussis pour un faible budget (seulement 10 millions de dollars) et d'une monstrueuse interprétation (voir Alan Rickman en ange sans sexe qui adore la tequila, ça n'a pas de prix), Dogma s'avère être un film tout bonnement monstrueux, culte du début à la fin et à consommer d'urgence sans modération aucune.