On ne va pas se mentir, le Luc Besson de Léon, de Nikita, du Grand Bleu, du Cinquième Elément ou encore de Jeanne d'Arc n'est plus. Et on ne le retrouvera sans doute jamais.
A vue de nez, pas que l'homme ait foncièrement changé. Peut être avait-il simplement tout dit en une petite dizaine de films. Et si Valérian et la Cité des Mille Planète ou Anna étaient pas mal troussés, ils ne réussissaient à convaincre qu'à moitié, à la lumière de la première partie de la filmographie de leur auteur devenu nabab aujourd'hui déchu et lynché par le journaliste roquet progressiste d'Ecran Large qui choisit avec soin ses (petits) combats.
Et si pas grand chose n'était attendu de Dogman au regard de sa bande annonce, le sentiment laissé à la sortie de la séance est un peu étonnant à décrire.
Car on ressort du cinéma en aimant le film, surtout sa première moitié, qui porte le martyr de son personnage principal laissé-pour-compte, en marge totale d'une société qui l'ignore. Et là, c'est la performance de Caleb Landry-Jones qu'il faut saluer, s'appropriant la souffrance et le détachement de son rôle par une prestation sincère et hallucinatoire. Car le bougre croit manifestement dur comme fer en son Douglas tel qu'écrit par l'ami Luc. Alors même qu'il a tout de l'improbable association de thématiques du rejet.
Et le comble, le masqué y a cru aussi, ultime preuve de son aveuglement sur un cinéaste qu'il continue sans doute de chérir en secret. Cependant, si beaucoup ont fait référence à un sous-Joker, celui de Todd Phillips, il rappellera de manière bien plus immédiate une hybridation entre un Danny the Dog alternatif (oui, je sais, on a les références EuropaCorp qu'on peut) et la personnalité étrange et contrariée de Willard.
C'est par lui que naîtra l'émotion affleurant du personnage, alors même que l'atmosphère du film, à l'occasion, sait se faire plus sombre, même si Besson, malheureusement, ne se risque pas à explorer l'ambivalence et la noirceur de son anti-héros jusqu'au bout.
Il préférera porter à l'écran une ou deux intrigues secondaires donnant un petit ventre mou au film, qui s'achemine en bout de course vers le soutien d'images de plus en plus maladroites alourdissant les métaphores de Besson scénariste, prenant le pas sur celles portées par Besson réalisateur.
Ainsi, après s'être léché les babines, il sera permis au spectateur de grogner en constatant que Luc gâche quelque peu le potentiel de son personnage et d'un parcours de vie qui, sur le papier, avaient tout de l'artificiel et du non-sensique.
Le cœur du bonhomme est encore là, à l'évidence. Tout comme parfois sa naïveté et ses maladresses d'ado. Dogman, comme Anna ou encore Valérian, en sont autant de preuves flagrantes. Soit autant de films sympas, mais largement perfectibles au regard des premiers temps d'une filmographie que l'on ne pourra jamais lui retirer, n'en déplaise à certains roquets critiques...
Behind_the_Mask, qui donne la papatte à son LuLuc.