Je n’ai jamais été attiré par le cinéma de Lars Von Trier et voilà qu’un beau jour me prend une envie folle de regarder Dogville. La sentence est sans appel: c’est maintenant un de mes films préférés. Cela mérite bien une petite présentation (garantie sans spoilers).


Tout d’abord parlons de sa forme. Un film de 3h sans décors et une manière de jouer théâtrale, très expressive. Cela peut rebuter il est tout à fait compréhensible qu’on y voit une démonstration d'onanisme intellectuel, c’est un cas typique de film segmentant. J’avoue que moi-même je me suis dis que j’allais pas tenir tout le film pendant la première heure. Mais ces choix ont une utilité: objectiver le propos, de prendre du recul par rapport à ce que l’on voit. Et si au début le discours semble classique, plus on avance plus cette mise en forme prendra du sens. Elle va même renforcer l’intimité avec les personnages. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce vide apparent n’empêche pas quelques belles scènes visuellement parlant, la photographie y est assez remarquable.


Mais passons sur la forme, Dogville est un long-métrage de discours. Le sujet donc, quel est-il ? Sommairement c’est l’exposition de la vie en communauté et tout ce qu’elle comprend: ses hiérarchies, ses rôles, ses failles. J’ai appris après visionnage que le film est censé traiter des Etats-Unis, personnellement j’ai trouvé que le propos pouvait s’étendre à la vie en communauté de manière générale, il est d'ailleurs probablement plus intéressant pour ce qu'il permet que pour ce qu'il est.
On peut y lire le déploiement de toutes les facettes du rapport aux étrangers. Sa méfiance en premier lieu, son intégration par la force de travail, l’exploitation de cette dernière, la stigmatisation dans les périodes difficiles. Il (en l’occurrence elle) est le révélateur des faiblesses des hommes (sens large et particulier), de leurs frustrations et permettra la confrontation de l’idéalisme de leur vie en société à la réalité du changement de leur composition.
Ce qui amènera un regard interne sur les mécanismes d’instinct de survie du -et au sein du- groupe (déni, transfert de la haine).
Il est aussi question du pouvoir, de la domination et de la soumission, de leur accoutumance dans leur exercice.
La réussite c’est d’arriver à évoquer toutes ces notions de manière intelligible.
On peut cependant émettre une réserve sur la fin où l’émotionnel l’emporte un peu trop et sur un dialogue en particulier qui est moins pertinent.

Djéba
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le 13 févr. 2015

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Djéba

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