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Drôle de film que ce Dolls qui combine le savoir-faire de Stuart Gordon et l’amateurisme le plus profond. Le début du film est, en ce sens, totalement terrifiant. Images de studio, vieux stock-shots d’un orage et vision délirante de l’enfant qui imagine son ours en peluche se transformer en monstre des bois : on a le sentiment d’être embarqué dans une vilaine série Z. La vision caricaturale des personnages inquiète au plus haut point jusqu’au moment où on finit par comprendre qu’on a affaire à un conte. Un conte horrifique, certes, mais un film qui évoque les peurs enfantines et les bons sentiments qui permettent de les gommer. L’ensemble tend ainsi à être parfois grotesque pour illustrer son propos mais la conduite du récit est suffisamment maligne pour qu’on se laisse prendre au piège.


Expédié en 1h17, le résultat nous renvoie à un film de la Hammer qui aurait été tourné dans les années 80 avec l’aide de Ray Harryhausen pour animer les poupées diaboliques. Le tout est saupoudrée d’une bonne dose d’humour noir propre au réalisateur qui prend toujours soin d’assurer la bonne distance entre son récit et ce qu’il montre à l’écran. Plus le film avance, plus il gagne en épaisseur et mieux on comprend la démarche de Stuart Gordon. Tant et si bien qu’on finit sur une excellente impression bien que l’ensemble accuse son âge et que le doublage soit terriblement approximatif. Le délire visuel est au rendez-vous et le film ne sombre jamais dans le gore si ce n’est pour amuser le spectateur.


Jouant avec les clichés du genre (la maison isolée, le vieux couple diabolique, l’orage, une enfant innocente, une morale tirée des contes pour enfants, etc.), tourné en Italie comme les plus beaux ou sombres objets cinématographiques du bis, le film s’amuse de tous les lieux communs du genre. Il en résulte un drôle de film, qui ne cesse de faire des allers-retours entre parodie, pastiche et premier degré, qui joue avec les codes du conte et d’un certain cinéma. On ne saisit pas toujours où est la frontière avec l’hommage au cinéma de genre mais l’ensemble fait passer un agréable moment.


Play-It-Again-Seb
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le 28 oct. 2023

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