Un film à la co.. pas tout à fait.
Encore un film choisi un peu à l'aveuglette. J'ai tendance à regarder le pitch, le synopsis, mais pas les acteurs. J'ignorais y retrouver JGL et Scarlett, le jeu du premier était exquis, la deuxième était insupportable à souhait. Ce n'est décidément pas mon canon de beauté.
Aux premiers abords, presque de manière forcée, on se dit qu'on va voir un film sans réel intérêt, comme les filles que JGL se tape every day : un film du soir qu'on aura oublié demain. FAUX.
Si le début m'a paru décomplexé au point d'en être à la fois hilarant et choquant (dans le sens où je m'imagine la réaction d'autrui), le récit réserve quelques surprises. Le coup de la rédemption pourrait être à se taper la tête contre son voisin de devant tellement c'est.. nul. Mais la manière dont le scénario est construit ne déçoit finalement pas.
Le sujet est, si l'on s'accorde au sens commun « vulgaire » et il est traité sans détour, pour de stupides distingués enfermés dans leur fermeture d'esprit, il ne sera pas difficile de se braquer, et ce, dès les premières secondes. Ma foi, tant pis pour eux. Car, contre toute attente, c'est un véritable sujet de société qui est traité ici, volontairement ou non. J'irais jusqu'à dire, en exagérant certes un peu, que ce film n'est autre qu'une illustration, crue j'en conviens, des travaux de sociologues comme Eva Illouz ou Zigmunt Beauman, par voie de conséquence, un témoin des gros problèmes de notre temps.
Représentations et interactions.
La notion de croyance et de représentations est mise en scène de manière flagrante. Le parallèle entre la religion et la pornographie pourra sembler selon certains de très mauvais goût, pour moi, ces deux univers aux allures de pôles opposés se rejoignent pourtant sur ce même champ : celui des représentations et des croyances. C'est une vérité gênante mais objectivement correcte. Pour y ajouter ma touche personnelle, je dirais, et c'est cette fois de l'ordre de l'opinion, que les deux partagent le trait commun d'être des fantasmes sur des paradis inexistants qui font perdre de vue le réel et le présent.
Outre cette amusante exposition d'une incohérence luxure/christianisme vérifiable hors de la fiction, on y saisit les caractéristiques de la « modernité ».
Le jugement sur le physique conduisant à une idéalisation de l'individu physique ET moral pour commencer, assez banal dans les films « modernes », mais indispensable. - La déception qui suit la découverte de l'autre quand on se rend compte qu'il parle, pense, agit.. en inadéquation avec l'idéalisation qu'on s'en faisait. Courant aussi, une fois encore relatif aux représentations, mais aussi à l'impulsivité que le consommation a replacée. - Les relations « liquides » pour utiliser le terme de Beauman, ces relations sans aucune solidité, comme celles nouées puis dénouées avec les coups du soir de Jon. - « L'utopie du couple » (E. Illouz) qui se précarise, tiraillée à la fois entre l'envie d'un couple, mais en même temps le refus d'être comme celui des parents, clairement dépeint ici comme has been, conflictuel. - Le sens unique caractéristique de la contradiction des désirs de cette société de « transition » : on veut d'un couple mais l'on ne veut pas faire d'effort ; en revanche, si l'autre ne correspond pas au détail à notre idéalisation, stop. C'est malheureusement un idéaltype que l'on retrouve dans les production d'Eva Illouz une fois encore et malheureusement, ce n'est pas de la fiction mais bel et bien un constat empirique...
Bref, tant de choses que ce film aux premiers abords drôle, bête et sans intérêt, vient nous cracher à la gueule (. . .) au point d'en rendre la fin mélancolique. À moins que ce ne soit une ouverture ? Une proposition d'un nouveau couple . Mais même si cela répond à la modernité que je n'ai pas le choix d'incarner en étant cet enfant du XXIè siècle, j'ai tendance à trouver ça.. tragique.