A l’image du poisson rouge, j’ai parfois l’impression que ma mémoire me fait vraiment défaut. Plus j’avance dans le temps et plus je me sens comme un Alzheimer en devenir. Parfois, quelques minutes après être sorti de la douche et avoir enfilé un peignoir, il n’est pas rare de me demander si je l’ai prise ou non cette douche. D’autres fois, quand je sens la hype autour d’un nouveau film d’horreur, j’oublie clairement que la majorité d’entre eux m’a fait perdre un temps de vie précieux. Ainsi, il y a peu, je me retrouve en possession d’une copie de Don’t Breathe : la maison des ténèbres et une fois n’est pas coutume je me dis : « Tiens, ce film fait du bruit. Je lis : « Le film d’horreur de l’année ! » Je pense : « Wow carrément ? » Là, d’un coup, j’ai trop hâte. J’hésite même à le lancer, presque tétanisé à l’avance, oubliant donc, à cet instant précis, tout un passif avec le genre. « Et si c’était ce film qui allait me foutre l’enfer ? ». L’appât a définitivement fonctionné.


Detroit, un rayon de soleil, des jeunes et un cambriolage foireux en ligne de mire. Ils sont amourachés les uns des autres mais surtout, ils ne sont pas trop futés et durant 1h30, ils vont pouvoir enchaîner les décisions non-sens à fond les ballons. Jusqu’à là, rien de nouveau, comme d’habitude on n’est pas étouffé par l’écriture, j’imagine alors qu’ils ont tout misé sur l’angoisse.


Arrive le cambriolage ou clairement, la partie du film qui vire au sombre, au brun sombre... Nos jeunes se rendent rapidement compte que leur combine habituelle ne marche pas et improvisent avec la soif de l’or comme seul moteur et un cerveau pour trois, le cocktail idéal pour faire n’importe quoi. Bizarrement au niveau de la mise en scène, dehors il fait nuit mais depuis l’intérieur, dehors il fait jour. C’est important de le souligner car comparé au procédé utilisé plus tard dans le film, là, ça fait tristement pauvre. Au moins autant pauvre que les sens hyper développés de notre non-voyant de service qui fonctionnent uniquement en double vitesse, un coup oui, un coup nan. Bref, quand l’aveugle fini (enfin !) par descendre, je me dis que le film va réellement commencer tout en gardant à l’esprit, depuis le superbe spoil de la scène d’intro, qu’il n’y a que la blonde qui va s’en sortir et même si, à ce moment, mon enthousiasme est au bord du gouffre, je me dis que les minutes qui arrivent vont être importantes, que quelque chose de vraiment novateur va me péter à la gueule et me sidérer de frousse. Malheureusement, après une fois, deux fois et trois fois le même effet de genre qui de plus, ne prend pas, tout me semble compromis et les questions fusent dans ma tête : « Mais qui était ce kikoolol qui parlait de film d’horreur de l’année ? Comment est-ce même plausible qu’un aveugle se déplace aussi vite ? Suis-je encore en train de me faire enfiler ? »


Un enfant de 8 ans. Ça ne l’est pas. Oui.


Sans spoiler, quand à deux ils s’enferment dans une pièce dont les fenêtres sont barricadées et que l’instant d’après, l’un d’eux se fait pousser et tombe justement par l’une de ces fenêtre, à son image, je vacille par delà le vide devant tant de négligence. Avec le petit cinéma qui se trame au sous-sol, le pic de la connerie atteint définitivement son paroxysme. Là, j’explose entre peine et incompréhension. D’abord, je me sens triste d’être tombé dans le panneau et surtout, je ne comprends pas comment d’un coté, il est possible de noter ce film 8 et d’un autre, de reprocher à des gars comme Bay ou Emmerich un manque de crédibilité et/ou un vide d’écriture certain dans leur film. Parce qu’entre les deux genres, le principe reste le même et que ce sont finalement vos notes qui légitiment les dieux du divertissement à jouer autant avec nos rectums. J’aimerais simplement vous inviter à plus de bienveillance au moment du choix mais quand j’vois les hypes qui se montent autour de navets comme It follows ou Don’t breathe, je sais déjà que cette lutte est vaine. Je me rends compte en écrivant ces lignes que ce n’était pas « le film d’horreur de l’année » mais « le meilleur film d’horreur de ces vingt dernières années » ... Bon sang ! J’en perds les mots.

Bert_Veilleux
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le 4 avr. 2017

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Bert_Veilleux

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