Entre l’épuisement des ressources naturelles, la disparition de la biodiversité et le dérèglement climatique, les périls qui menacent l’humanité ne manquent pas. Sans compter d’autres scénarios aussi peu réjouissants, apocalypse nucléaire ou super volcan, prise du pouvoir par les robots ou pandémie fatale (on n’en est pas loin). Bref, le pire semble à venir et faire l’autruche dans quelque métaverse ne retardera pas les échéances.
Ces sombres perspectives doivent-elles pour autant nous empêcher de prendre notre pied, de vivre heureux en attendant la mort, pour paraphraser ce cher Desproges qui n’aurait pas boudé l’humour corrosif de Don’t Look Up : Déni cosmique.
La menace prend ici la forme d’une comète gigantesque fonçant droit sur la Terre comme un uppercut monstrueux à la face de l'humanité. Deux scientifiques, un astronome et sa doctorante, peu portés sur l’art de la communication, vont tenter de jouer les lanceurs d’alerte dans un monde devenu dingue. Ni film catastrophe, ni même parodie du genre, Don’t Look Up relève plutôt de la farce cynique, une vision noire et pessimiste sur notre incapacité collective à redresser la barre face à un péril éminent.
Le déni du titre est le sujet principal du film. Également son ressort humoristique. Le film met en scène l’aveuglement d’une société en phase de décérébration, saturée d’écrans et de réseaux. Aveuglement ou surdité comme dans cette interview télé où les animateurs n’entendent que ce qu’ils veulent et de préférence les infos les plus funs. Or quoi de moins fun qu’une comète tout droit sortie du nuage de Oort pour nous ratatiner ? Est-ce qu’on a une tête à se faire avoir comme un vulgaire brontosaure ?
Si Adam Mckay n'est pas tendre avec l'humanité, il ne réserve pas le même traitement aux "responsables" politiques et aux petites gens que nous sommes. Alors que la comète infernale poursuit sa trajectoire, le réalisateur montre des citoyens du monde vaquant à leur occupations. Un regard empathique qui met d'ailleurs en parallèle les autres victimes terriennes que seront les animaux. Tous embarqués dans la même galère.
En revanche, les responsables politiques ou économiques, figés dans leur toute puissance font l'objet d'un traitement au vitriol. C'est le cas de la Présidente US plus préoccupée par les sondages que par la fin du monde. De même de son porte-parole, con comme un balai, qui n’appréhende que la disparition des montres et des voitures. Ou encore du multi milliardaire au style très « Zuckerbézos » aveuglé par l’appât du gain.
Très inventive sur la forme et parfaitement interprétée, Don’t Look Up est une comédie d'autant plus réjouissante qu’elle impacte l’esprit et invite à (re)lever la tête.
8/10