Don't Look Up : Déni cosmique est le nouveau film de l'excellent Adam McKay poids lourd de la comédie US et qui semble de films en films affiner le trait de la caricature jusqu'à ce que ce dernier devienne aussi tranchant qu'un fil de nylon tendu entre fiction et réalité. Le réalisateur d'hilarantes pochades tels que Anchorman: The Legend of Ron Burgundy ou le formidable Step Brothers nous revient donc avec un film qui sous les traits de la satire interroge les enjeux d'un monde de plus en plus connecté à la bêtise et déconnecté du réel , un monde qui se dirige joyeusement droit dans le mur en préférant marcher le nez dans son smartphone qu'en regardant droit devant.
Don't Look Up : Déni cosmique nous raconte donc l'histoire de deux scientifiques pas très glamours qui découvrent avec effroi qu'une comète maousse costaud se dirige tout droit vers la terre en menaçant l'humanité entière. Lorsqu'ils tentent d'alerter politiques, médias et population les deux scientifiques se retrouvent confronter aux tristes enjeux politico-financiers et aux tristes jeux de l'info-divertissement et des réseaux sociaux.
Don't Look Up : Déni cosmique est une farce, une satire qui ne fait pas toujours dans la dentelle ni la finesses mais assez paradoxalement le film de Adam McKay ne semble pas non plus avoir eu besoin de grossir ni noircir démesurément le trait pour refléter la triste époque idiote et caricaturale que nous traversons. Par le prisme de son postulat de science fiction et de comète tueuse le film évoque fatalement quelques enjeux scientifiques majeurs de ses dernières années comme la pandémie de Covid 19 et bien sûr le réchauffement climatique. Même si ils sont encore bien trop beaux et glamour pour coller parfaitement à ce qu'ils incarnent symboliquement, Leonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence (tout les deux formidables) représentent l'intrusion de l'introspection, de la réflexion et de l'interrogation existentielle dans un monde fait d'apparences, de futilité, de divertissement, d'intérêt financiers et d'individualisme. Adam McKay tire à boulets rouges sur la communication qui remplace l'information, sur le cynisme d'une politique incarnée par des abrutis avides de pouvoirs et faite d'intérêts personnels, sur les enjeux économiques et mercantiles des gourous des nouvelles technologie, sur la société du spectacle et de la futilité et sur l'abrutissement massif d'une vérité mastiquée puis recracher sous forme de tweets et de mèmes afin d'en caricaturer et anéantir le sens. Le plus effrayant reste que le réalisateur n'a même pas besoin de se creuser la tête pour inventer la bêtise de son univers, il lui suffit de regarder la vérité bien en face pour scruter les abysse d'un monde qui préfère s'émouvoir des histoires de cul d'une chanteuse à la mode que d'une potentielle extinction de l'espèce. On pourra bien sûr trouver l'ensemble un poil moralisateur et didactique dans sa mécanique imparable mais Adam McKay prend l'option d'illustrer à merveille cette maxime qui dit qu'il faut rire de tout avant d'avoir à en pleurer. Alors nous rirons beaucoup et souvent, notamment en voyant Ron Perlman s'envoler pour tenter détruire la comète dans une hilarante parodie à la Michael Bay, en écoutant le cynisme et la bêtise d'un Jonah Hill en très grande forme ou devant la piquante caricature d'un Steve Jobs incarné ici par Mark Rylance. Un rire qui se fera parfois plus sombre et grinçant comme lorsque le film démontre avec force que nous ne croyons désormais que ce que nous voyons et que malheureusement nous voyons souvent que lorsqu'il est déjà trop tard.
**Don't Look Up : Déni cosmique** avance ainsi dans une logique aussi imparable et inéluctable que la trajectoire de sa comète meurtrière jusqu'à un final aussi déprimant qu'étrangement apaisé. La marche du monde est impossible à stopper il nous teste à choisir entre regarder droit devant soit, baisser la tête pour ne regarder que ses pompes ou relever enfin le regard et l'esprit pour voir plus haut et plus loin ...