3615 Père Noël
Les plus :- Un Père Noël assassiné toutes les 5 minutes et ce qu'il faut de nudité 80s : on ne s'ennuie pas.- Mention spéciale à Edmund Purdom (Le Sadique à la tronçonneuse), qui réussit l'exploit de...
le 22 nov. 2024
2 j'aime
Majoritairement d’origine américaine, les Père Noël tueurs n’ont pas mis très longtemps à trouver des imitateurs de l’autre côté de l’Atlantique. Les anglais auraient même pu devancer le plus célèbre d’entre-eux (Silent Night, Deadly Night), si ce petit slasher classique ne s’était pas égaré en chemin en raison de nombreux changements et d’un calendrier de prises de vue s’éternisant sur plusieurs mois. Les bras de fer horrifiques entre les gothiques Amicus et Hammer appartenaient déjà au passé en ce début des années 80.
Les anglais ont donc flairé l’opportunité de pervertir les fêtes, en délocalisant les habituels camps d’été et sororités pour les peep-show, pissotières et impasses coupe-gorge du quartier de Soho. Fini les victimes adolescentes aux mœurs légères. L’opprobre du tueur visera désormais les couples libertins et les faux Pères Noël, qu’il soit employé de magasin, père de famille, SDF soulard ou bien simplement vicelard.
Derrière cette entreprise un brin fumeuse et opportuniste, nous retrouvons Dick Randall (Pieces, Slaughter High) et son associé Stephen Minasian (Vendredi 13, La Dernière Maison sur la gauche). Le film est néanmoins réalisé par Edmund Purdom, un has-been britannique ayant pas mal cachetonné durant les années 50 à Hollywood, avant de devoir s’expatrier en Italie durant les années 70 pour gagner sa croûte.
En éternel second couteau, l’acteur aura l’occasion de travailler avec Sergio Martino (2019, après la chute de New York), Ruggero Deodato (SOS Concorde), et même un certain Jess Franco (Los ojos siniestros del doctor Orloff). Don’t Open till Christmas est sa seule et unique contribution au genre, motivée par une obscure anecdote voulant que son ex-femme aurait un jour tenté de l’assassiner dans sa salle de bain. L’acteur aurait également accepté de jouer dans le film seulement sous condition de le réaliser lui-même.
L’expérience fut particulièrement chaotique, et le coscénariste Derek Ford (The Urge to Kill) le remplacera au pied levé en cours de tournage avant d’être lui aussi remercié. Le travail échouera finalement dans les mains du monteur Ray Selfe, accompagné d’Alan Birkinshaw. Le making-of ne révèle aucune des raisons ayant pu pousser ces nombreux remaniements sur le script et le montage, préférant suivre les pérégrinations, visites touristiques, anecdotes truculentes et facéties de son duo d’affables producteurs. Ces derniers très portés sur l’humour anglais arguaient qu’il était plus facile d’effrayer le public que de le faire rire. Ce documentaire de 55 minutes incluant plusieurs scènes gores non retenues dans le final cut, nous permet également de goûter aux joies de la banlieue Londonienne, pervertie par une industrie du sexe éclaboussant les enseignes et trottoirs des rues.
Avec son bodycount élevé de victimes, Don’t Open till Christmas peut véritablement se targuer d’être l’un des films saisonniers les plus gores et sanguinolents de l’époque, bien que le tueur masqué évoque moins les brutes monolithiques du slasher américain que ses contemporains gantés du bis italien. L’ombre des thrillers Hitchcokien plane également sur l’ensemble du film. L’enquête constitue presque un MacGuffin utilisé pour bâtir son suspense autour de l’identité du tueur. Malheureusement, celle-ci semble avoir largement souffert des séances de réécritures et coupes de montage, délaissant l’étude des protagonistes préalablement esquissée pour une série de meurtres crapoteux, rendant la narration souvent confuse et le twist scénaristique assez fortuit.
D’ailleurs, le statut du personnage principal n’est pas clairement identifié, puisqu’à l’instar de Psychose, l’intrigue opère un étonnant retournement de situation en cours de récit. Don’t Open till Christmas est donc une œuvre fragmentée, probablement aussi schizophrénique que son assassin (le regretté Alan Lake), à la fois animée par des impératifs de production et une ambiance plus proche des néo-giallo italiens des papa Argento et Fulci.
En dépit d’un montage quelque peu composite et brouillon, le film comporte néanmoins de très chouettes séquences (la traque du Père Noël ivrogne dans le London Dungeon, le SDF immolé par le feu, l’employé de magasin énucléé aux WC), à même d’emporter l’adhésion d’un public friand de cinéma d’exploitation. L’actrice Caroline Munro (Maniac) y fait également une succincte apparition pour pousser la chansonnette et «adouber» cette modeste production du bout des lèvres en interview.
Mais c’est surtout l’interprétation de la mignonnette Kelly Baker en Scream Queen qui marquera les esprits, nous faisant regretter de ne pas l’avoir vu embrasser une carrière dans le genre malgré une autre apparition (Le Jour des fous) à mettre à son actif. Une très chouette idée cadeau pour ces fêtes de fin d’années, à retrouver chez le distributeur orléanais Uncut Movies et en tirage limité.
En cette période de festivités où il convient de se réunir en famille, d'ouvrir les cadeaux et de déguster une bonne pintade fourrée. L’Écran Barge vous propose de déterrer la hache de guerre en pervertissant l'esprit de Noël. Cette sélection de films saisonniers accompagnés de critiques virulentes et acerbes est donc réservés aux viandards, aux bisseux, aux tueurs de masses, aux durs à cuirs, aux frustrés et à tous ceux qui ne croient plus aux bons sentiments et à la paix dans le monde depuis bien trop longtemps.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Le Noël d'Enfer
Créée
le 23 déc. 2024
Écrit par
D'autres avis sur Don't Open Till Christmas
Les plus :- Un Père Noël assassiné toutes les 5 minutes et ce qu'il faut de nudité 80s : on ne s'ennuie pas.- Mention spéciale à Edmund Purdom (Le Sadique à la tronçonneuse), qui réussit l'exploit de...
le 22 nov. 2024
2 j'aime
Un sadique vient gâcher les fêtes de Noël en plein cœur de Londres. Toutes les victimes ont un point en commun, elles sont habillées en Père Noël. Il s’agit du seul et unique long-métrage de l’acteur...
Par
le 17 févr. 2021
1 j'aime
Majoritairement d’origine américaine, les Père Noël tueurs n’ont pas mis très longtemps à trouver des imitateurs de l’autre côté de l’Atlantique. Les anglais auraient même pu devancer le plus célèbre...
le 23 déc. 2024
Du même critique
On ne nait pas en étant le meilleur, on le devient au prix d’un travail acharné et d’une abnégation sans faille. Le talent n’est pas inné, il se développe et se cultive par un entraînement rigoureux...
le 17 juil. 2023
8 j'aime
21
Parfois le sort ne cesse de s’acharner, et les majors Hollywoodiennes de produire de nouvelles suites et de nouveaux calvaires à faire endurer à leurs héroïnes comme Ellen Ripley. On lui avait enlevé...
le 14 août 2024
7 j'aime
À Hollywood, on aime pas trop prendre des risques inutiles et les remake constitue des retombées financières garantie. Massacre à la tronçonneuse, Halloween, Vendredi 13... Evidemment, pour s’assurer...
le 19 oct. 2023
7 j'aime
3