La colonisation de la Corée par le Japon représente une époque d’interdits. Deux jeunes cousins, Dong-Ju et Mong-Kyu, grandissent ensemble à la campagne. Tandis que Mong-Kyu s’engage dans le mouvement indépendantiste qui prend de l’ampleur, Dong-Ju compose des poèmes.
Dongju : Portrait of a Poet avait un énorme potentiel. Basé sur une histoire vraie, en omettant et en changeant à sa guise quelques éléments de la vraie vie de Dongju, le réalisateur Lee Joon-ik s’attarde dans un immense travail de reconstitution de la Corée soumise au Japon. Le film se passe dans les années 20 jusque dans les années 40, et est la preuve même du fait que les Coréens n’ont toujours pas guéris les plaies de cette guerre contre les Japonais. A travers la vie d’un poète et de son ami indépendantiste, le metteur en scène nous invite à un voyage à travers toute la Corée, et même jusqu’au Japon. Le film se concentre en effet sur l’aspect littéraire de Dongju, qui même s’il a toujours (dans le film en tout cas) refusé de se faire appeler ainsi, est un poète dans l’âme. Dongju doit faire face petit à petit à l’autorité japonaise qui interdit aux Coréens de pratiquer et d’apprendre dans leur langue maternelle, et qui interdisent les ouvrages littéraires coréens, supprimant ainsi toute l’identité coréenne…
Si l’on s’intéresse exclusivement à l’aspect historique de Dongju : Portrait of a Poet, on ne sera pas déçu. Bien sûr, les Japonais sont perçus comme de grands méchants sans âmes (sauf exceptions), comme souvent dans un film historique qui prend parti (ici celui des Coréens à travers Dongju. Par conséquent, on apprend beaucoup de chose sur la période de colonisation de la Corée par le Japon, sur tout ce qui s’est passé, sur le système éducatif et sur la naissance du mouvement indépendantiste chez les étudiants, poussés à bloc par un système autoritaire.
Pourtant, Dongju : Portrait of a Poet déçoit à beaucoup d’échelles. D’abord, dans son format. Le noir et blanc n’est pas du tout légitime dans ce film. Le réalisateur a peut être voulu montrer à quel point l’ambiance lors de cette période était sombre, ou alors il voulait faire hommage aux films historiques (et ainsi mettre du Black & White parce que la période le voulait alors) –ou alors par manque de budget-. Ensuite, les personnages sont vraiment très décevants. Jamais on ne s’attache ni on ne s’identifie au protagoniste principale, Dongju, dont les actions lentes et fatigantes exaspèrent au plus haut point. Il en va de même pour les autres personnages. Mis à part son ami Mong-kyu, aucun n’est vraiment développé ni même intéressant. Et encore, Mong-gyoo est assez énervant aussi. Néanmoins les acteurs sont pour la plupart très bons.
Ensuite, le film perd de sa valeur à mesure que l’on avance dans le film. En effet, ce dernier essaie d’être original dans sa mise en scène en prenant la forme d’une enquête (on commence donc par la fin du film –ou presque-) où le spectateur va tenter de comprendre pourquoi Dongju est dans cette situation. Progressivement, on en apprend plus, et finalement on comprend assez pour deviner ce qui va se passer, à tel point que le film perd totalement son intérêt scénaristique, et l’histoire finit (une fois de plus) à tourner en rond.
Cependant, on note quand même de très jolies séquences offertes par le réalisateur, qui fait des prodiges avec sa caméra. Mais la voix-off, assez présente dans le film, gêne finalement l’histoire, et gâche des moments qui auraient pu être supers.
J’aimerais aimer Dongju : Portrait of a Poet. Vraiment. Parce que le sujet historique important aux yeux des Coréens est intéressant, et parce que le point de vue d’un poète –majoritairement lyrique- dans cette période est encore plus intéressant. Pourtant, tout le film n’est qu’un ensemble de séquences mal formées, et finalement le sort des personnages ne me dérange plus du tout. Tout ça pour faire un film faussement dramatique, qui pousse le spectateur aux larmes dans une fin sensée être magnifique et éperdument triste, sans aucun doute.