Partisant du Jeu De Rôles (JDR), j'attendais ce film. Des amis me disaient, "mais cette première bande-annonce ne semble pas terrible", "mais tu ne te rappelles pas des premiers films ?" (si si, douleur), "non, mais je sais pas, ça ne respectera pas le matériau de base"... Je devais être le seul à être hypé depuis le début par ce film. Et j'ai bien fait de l'être et d'avoir été le voir voici 2 ou 3 semaines !
D'ailleurs, je l'ai vu en Ice, ma première séance de cinéma Ice. J'étais comme un enfant dans la salle, comme à mes 8 ans : j'ai eu l'impression de redécouvrir le plaisir d'aller dans une immense salle voir un film. Le film ne semble pas expressément optimisé pour la Ice, mais il fonctionne tout de même bien, notamment dans une scène ou la caméra face aux persos recule dans un couloir. On voit de chaque côté défiler les torches en direction de l'écran, très satisfaisant.
Donjons & Dragons - L'Honneur des voleurs, c'est une comédie fantastique d'aventure, qui comme vous vous en doutez bien, se déroule dans le monde de Donjons & Dragons (D&D). Le film aurait été écrit en adaptant une réelle partie de JDR. Mythe ou réalité ? Je ne sais pas, mais honnêtement, on ressent bien le délire d'un JDR entre potes. C'est "sérieux", parfois épique, mais ça sait quand s'accorder de la légèreté. Attention, certains semblent croire qu'on nous la fait à la Jumanji, avec des gens autour d'une table qui lancent des dés, et en même temps on suit leurs personnages : pas du tout, tout se passe dans le monde de D&D.
L'histoire est somme toute assez "classique", mais les péripéties, lieux, adversaires et objectifs de la quête sont bien issus de D&D et apportent donc de la nouveauté. Hugh Grant incarne un bon antagoniste, classique, qui personnellement doit être encore plus mordant et comique en VO (avec son accent britannique que je n'ai pas eu en VF) (mais la VF reste très qualitative). Chris Pine incarne ici un barde, ancien voleur retraité, qui s'échappe de prison pour retrouver sa fille que Hugh Grant lui a enlevée. Avec ses talents de roublard, il va se forger une petite équipe composée d'une guerrière, d'un magicien débutant et d'une changeuse de peau. Ils vont alors partir en quête d'un moyen de récupérer la fille du barde, mais surtout, ils s'en vont pour contrer les plans machiavéliques de la conseillère de Hugh Grant, une prêtrese nécromancienne.
Le tout fonctionne très bien. L'univers est riche, et peut se targuer de lancer la perche aux initiés comme aux nouveaux venus pour rentrer dans l'univers de D&D. On apprécie le Ours-Hibou de la bande-annonce (HibOurs pour les intimes), le Gradon (soit un Gros Dragon (merci au JDG pour cette expression donnée dans leur critique)), ou encore aux différentes classes, races, capacités etc qui sont aisées à comprendre et intéressantes à voir et exploiter durant l'aventure.
Une pensée à l'équipe originelle du dessin animé des années 80 Dongeons & Dragons que l'on peut voir au tournoi dans l'arène, ça fait plaisir de les retrouver ! Eux aussi respectaient très bien le schéma de la classe de personnage.
Les alignements de chacun sont assez faciles à voir, que ce soit pour le barde, le mage, le paladin... Et quel paladin ! En plus d'être très séduisant, c'est un réel monstre de combat fidèle à sa pensée/religion et sa rédemption... Waouh !
L'humour, s'il n'est pas transcendant, est sympathique et fin, que ce soit au tout début avec la scène d'évasion, les relations des différents personnages, les antagonistes variés (les cerveaux, le Gradon) ou encore avec l'ex petit-copain de la guerrière.
Bisous à Bradley Cooper, ce filou, qui passe faire un petit coucou dans un rôle de petite taille, qui s'avère aussi drôle que touchant. La bise aussi à Fred et Seb du JDG qui ici doublent deux morts ramenés à la vie. En plus de jouer bien, on ne capte pas de suite que c'est eux, et ainsi on reste immergés dans l'histoire. Avoir des invités connus c'est bien, et c'est appréciable quand c'est humblement (et que ça ne nuit pas à l'immersion).
La mission de notre petite équipe devient une traversée des Enfers (littéralement) et s'avère toujours aussi pimentée tout au long du film. Avec des moments très codifiés ou habituels, le scénario rompt pourtant avec ce sur quoi on l'attendrait.
Le coup des arènes, si on s'attend à ce que les héros reste dans ce jeu macabre jusqu'au bout, est surprenant par leur échappatoire. Le bâton magique inspiré de Portal est aussi très innovant pour du cinéma fantastique, puisqu'on l'attendrait plus dans de la science-fiction. Et la traversée des Enfers est très belle visuellement, très intéressante au niveau du lore, et les scènes de combat ou d'achappatoire offertes sont parmi les meilleures du film (ce sont mes préférées).
L'humour n'abuse pas et les blagues sont souvent fines (cordes sur marches, pied sur pont, vous les avez ?). L'action est régulière mais laisse le temps à l'exploration et la réflexion, et les chorégraphies de combat si elles ne fusent pas toutes les 2 minutes, sont exécutées avec précision. On ressent la patte JDR, et on peut presque visualiser quand un personnage effectue un 1 ou un 20 sur son dé 20 (le 1 indiquant un échec critique, et le 20 une réussite critique).
Les moments émotions fonctionnent, sauf à la dernière minute du film ou on devine ce qu'il va se passer (heureusement que ça ne ruine pas tout), mais du reste, j'ai beaucoup aimé. J'ai été ému avec les scènes de flash-backs de la défunte épouse du barde. Ca marche, c'est beau, c'est mignon, c'est doux, et ça pose de très beaux indices et métaphores pour la suite.
Parenthèse. Les musiques ne m'ont pas trop marqué, et les chantées ne sont pas inoubliables... surtout celle du générique. Quel était le but ? Ca marche à peu près, mais c'est bizarre.
Pour conclure, le film est avant tout pour moi une sorte de rachat auprès des spectateurs. "Désolés pour ce que vous avez eu avant". Forme de lettre d'amour au spectateur, on le séduit non pas en l'inondant de références, mais en le plongeant dans un univers bien fourni et accessible. L'histoire, comme dit précédemment, reste néanmoins classique, malgré ses rebondissements, et on sent qu'il est possible d'aller bien plus loin dans l'univers. Mais pour un film qui veut poser des bases et renouer avec le public, c'est une réussite critique que nous avons là ! Il mérite un 7,5/10 pour sa bonne prestation et aussi, sa qualité visuelle et sonore. Un très bon moment que je recommande de voir entre amis, initiés aux Jeux de Rôles sur table ou non !!!