Avec le Parrain, modèle du genre, mais on pourrait aussi parler de Casino, le mafieux est glorieux. Sombre, seul, malheureux, mais glorieux. Avec Donnie Brasco, le modèle change.


Le flic Pistone aka Donnie Brasco infiltre la mafia new-yorkaise par Lefty, un chef de quartier dont les rêves de puissance et de richesse semblent désormais bien inatteignables. Cette infiltration sera couronnée de succès, mais ce n'est pas vraiment l'objet du film. Il y a deux objets dans ce film :

  • la remise en réalité de ce que signifie être un mafieux lambda : un mec qui gagne à peine de quoi vivre dans un appartement assez chiche, alors que son "métier" est de récupérer le fric des trafics et de tuer des gens, tout en ayant peur de ses chefs. Une vie que Lefty qualifie lui-même de minable. Ce film préfigure les Sopranos, série culte qui sortira 2 ans plus tard.
  • malgré cela, la fascination / répulsion que Pistone éprouve pour ce milieu et l'attachement profond qu'il va ressentir envers Lefty, au détriment de sa mission et de sa famille. Une sorte de syndrome de Stockholm.

Le quotidien d'un mafieux, devenu banal, classe populaire, est alors le fantasmé vécu de Pistone, avec ce code de l'honneur de la parole donnée et cette amitié inattendue. Le problème de Pistone n'est alors plus le danger qu'il court, mais le poids que représente sa famille de plus en plus délaissée.


Le vrai sujet devient alors : ne sommes-nous pas ce que nous sommes qu'en fonction du milieu dans lequel nous évoluons ? Un flic qui infiltre la mafia se sent-il toujours flic ou se sent-il mafieux ? C'est surtout cette perte d'identité, cette confusion des valeurs dont traite le film. Avec intelligence et sans négliger les ressorts dramatiques.


John-Peltier
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