1997, trois ans après les fastes de "Four Weddings & A Funeral", Mike Newell nous traine vers New-York pour sa lune de miel cinématographique.
Fin 70's, se tremoussant sur du disco, Big Apple est toujours le théâtre de la mafia sicilienne maintes fois mise à nue et sublimée par Martin Scorsese, Sobrement, tout au long de son film, Newell ne flirte pas avec Gotham et ne s'embarrasse pas de ses clichés.
Son intérêt est de nous immerger rapidement dans le vif du sujet aux côtés de Joe Pistone alias Donnie Brasco, agent du FBI, infiltré parmi les Tontons Flingueurs et incarné par Johnny Depp alors à l'apogée de sa carrière. Un succès autant dû à ces choix audacieux qu'aux compositions réussies de ses personnages ("Arizona Dream", "Ed Wood", "Fear & Loathing In Las Vegas", "Sleepy Hollow").
Depp a l'occasion de s'affranchir en se confrontant à l'un des Parrains du cinéma mondial : Don Pacino qui a lui aussi un challenge à relever. Ce monument de charisme interprète "Lefty", un porte-flingue fatigué et vieillissant, un éternel laissé-pour-compte, un gars dévoué qui n'a jamais suffisamment goûté aux honneurs et à la reconnaissance de ses pairs malgré 30 ans de bons et loyaux services. Benjamin "Lefty" Ruggiero est une gâchette usée par son rôle ingrat de milieu récupérateur, à l'ombre de la gloire reservée aux avant-centres mafieux. Les doigts dans le nez et les mains dans les poches, Pacino nous amourache de son personnage bien que cet "honnête" homme de main soit un putain de mass murderer revendiquant pas moins de 26 exécutions à son actif !
Pendant 2 heures, Newell nous trimballe aux côtés du tandem avec fluidité et sobriété dans cette agréable et passionnante forme de "thriller-buddy movies" plutôt ambigüe, à la fois touchante et violente. Il réalise une sorte d' "anti-Parrain", dans la mesure où il ne dépeint pas une mafia flamboyante mais il suit au contraire un clan de mafieux miteux avec un Pacino toujours aussi fascinant, un Depp au diapason et où même les sourcils de Michael Madsen (l'auriculothérapeuthe de "Reservoir Dogs") ne surjouent qu'à peine !