S'il y a bien une chose que j'ai à reprocher à Donnie Darko, c'est qu'il m'a fait mentir. Depuis longtemps, je m'étais fait la promesse de ne jamais octroyer un 10 à un film, sauf à American History X. Cela fait un an, en fait - la période qui me sépare à présent du premier visionnage du film de Tony Kaye -, que je pensais ne jamais pouvoir trouver un autre film à la hauteur pour obtenir la note ultime. Beaucoup sont passés très près, notamment Au nom du père et 12 hommes en colère. Mais, finalement, jamais je n'avais réellement pensé pouvoir mettre un deuxième 10 à un film. Jusqu'à ce soir. Il faut croire que j'aime les films dérangeants. American History X en est un. Donnie Darko aussi. Comme American History X, j'avais des réticences à voir Donnie Darko, pensant bêtement qu'il s'agissait d'une sorte de parodie de Donnie Brasco. Il n'en est rien. Donnie Darko est un film créé à part entière par Richard Kelly, et j'ai envie de l'en remercier. On m'avait dit que le scénario était compliqué, qu'il fallait souvent plusieurs visionnages pour le comprendre réellement. Je pense l'avoir compris dès ma première fois, et c'est peut-être pour ça que j'ose mettre un 10. Si je n'avais pas compris, je n'aurais peut-être pas immédiatement retenté l'expérience, ce qui m'aurait laissé dans un l'ignorance de ce que je ratais. Mais j'ai eu la chance de comprendre où le scénariste et réalisateur nous emmenait, et le scénario, plutôt que compliqué, me paraît irréprochable. Je pense que, si Donnie Darko a une note moyenne aussi basse, c'est justement à cause de membres qui n'ont pas cherché à en élucider réellement le sens, et qui notent au rabais ce qui est pour moi un véritable chef d'oeuvre.
Pour ne rien vous cacher, après une dizaine de minutes de film, je ne voyais pas trop où Richard Kelly voulait en venir. Puis, irrésistiblement, chaque personnage, chaque scène et même chaque détail obtiendra son importance dans le résultat final. Il ne faut pas chercher en ce film un scénario qui se développe petit à petit, mais plutôt un amoncellement de petites choses qui forment ce total si parfaitement associé. Richard Kelly n'a pas fait un film pour le grand public. Il vise les niches. Ceux qui aiment les films de psychopathes se sentiront forcément remués par ce film. Je dois tout de même avouer que le scénario va très loin, plus loin que j'aurais pu penser que son auteur aurait osé l'emmener. A cinq minutes de la fin, le voyage à travers l'univers de Donnie se termine, et on comprend enfin ce qu'il faut voir dans ce film. L'angoisse est permanente, et la BO, magnifique, n'y est pas étrangère. C'est d'ailleurs en entendant un morceau de Tears for Fears après une quinzaine de minutes que j'ai vraiment commencé à apprécier ce film.
Entre cette musique étincelante, un jeu d'acteurs également très bon, surtout pour un Jake Gyllenhaal transcendant et transcendé dans le rôle du jeune psychopathe, et un des meilleurs scénarios qu'il m'ait été donné de voir mis en scène au cinéma, Donnie Darko a vraiment tout pour lui. Il se place, pour moi, tout en haut de la liste des films à ne pas manquer, à voir dans sa vie. Et, dans mon top 10, il ne lui a pas manqué grand chose pour détrôner American History X, ce qui n'était jamais arrivé jusque là. Comme quoi, dans un film au budget "modeste" (moins de 5 millions, en ce début de troisième millénaire, c'est très peu), on peut trouver tout ce qu'il faut pour avoir la chance de voir un chef d'oeuvre.