Peu importe que Donoma ait réellement coûté 150 euros ou non. Une chose est certaine : c'est un film low-cost.
Pour autant, la réalisation technique minimaliste ne dérange pas outre mesure (même si le manque de variété est in fine assez lassant). Certains moments réussissent à nous faire totalement oublier le faible budget tant la mise en scène est sublime.
Donoma relate l'histoire de plusieurs personnages qui n'ont a priori pas grand chose à voir les uns avec les autres. Tous vivent à Paris et vont finalement se croiser furtivement. Le scénario n'est donc pas très novateur mais permet de se concentrer sur l'histoire et la personnalité des personnages.
C'est sur ce point que le film déçoit. En effet, bien que parfois peu vraisemblables, les péripéties des personnages sont plutôt convaincantes et bien écrites. Donoma oscille entre poésie (Chris), cruauté (Amalia) et onirisme (Salma), offrant des scènes abouties et d'une très grande beauté. Néanmoins, alors que le film est relativement long, la personnalité des personnages n'est pas pleinement développée.
En ce sens, Amalia incarne à elle seule le charme, l'audace et le caractère finalement inabouti de ce film.
Amalia est une jeune professeure d'espagnol enseignant à des jeunes plus intéressés par ses formes que le cours. Suite à un concours invraisemblable de circonstances, elle finit par masturber un élève et va jouer cruellement avec lui. Alors qu'elle invoque le féminisme et la bonne éducation pour justifier ses actes, celle-ci se montre tellement cruelle et égocentrique que le spectateur la déteste. Il en va de même pour les autres personnages : le spectateur passe de l'intérêt à la détestation brutale.
Le thème de la parole est remarquablement bien traité : certains ne parlent pas et finissent par se séparer ; d'autres refusent d'écouter et se marginalisent tandis que Dieu refuse d'envoyer le moindre signe à ceux qui le prient.
Donoma est incontestablement un beau film mais ses trop nombreuses longueurs et la qualité inégale des dialogues ne peuvent être éludées. Si le film n'offre pas une vision très optimiste des rapports sociaux, celui-ci nous permet néanmoins de nourrir un espoir certain en Djinn Carrenard.