Oui, oui mais non. J’apprécie la tentative atypique, le geste mais c’est tout. C’est parfois pas loin d’être insupportable, sauf paradoxalement lorsque ça s’étire suffisamment. Mais tout ce flou, ces jump-cuts, ces tremblements franchement, c’est moins libre que complètement calculé, c’est volontairement plus laid que ça ne devrait l’être : mélange inutile de couleurs, contours de cadre foireux, pellicule faussement abimée. Et puis toute la dimension marginale est hyper forcée comme si le film s’autocélébrait dans chaque séquence d’être un électron libre. Après oui, je reconnais qu’il y a quelques instants savoureux (la prof d’espagnol) pour lesquels je peux comprendre un peu l’emballement général qui voit ça comme un nouveau Pialat ou un nouveau Cassavetes – Hum hum. Kechiche lui-même semble porter le film aux nues. Mais faut pas déconner, on est bien loin de L’esquive pour ne citer que sa vraie première réussite critique et césarisée. La démarche chez lui n’a rien de contradictoire, elle va toujours de pair avec son sujet. Donoma et son délire choral bien rance n’est à ce titre pas dans la bonne dynamique. Cela dit, pour 150€ (le budget tant revendiqué du film) il valait mieux que l’interprétation soit de haute volée et c’est le cas. Le film a aussi l’idée ingénieuse de varier ses choix formels mais il ne les tient pas, construit un dispositif qu’il détruit aussitôt. Et puis l’autre souci majeur et pas des moindre, c’est qu’on se fiche royalement de ces personnages pantins.