Avec 150 euros, on peut ....
a) s'acheter l'intégrale de Star Wars et claquer la monnaie en Mentos goût fruits des bois.
b) s'offrir un aller-retour en train pour Carcassone.
c) s'acheter une micro-part de la dette Italienne.
d) réaliser un film.
Face à ce large choix, Djinn Carrénard n'a pas hésité longtemps et, faisant jouer ses réseaux, ses amis et sa famille, il s'est lancé dans l'aventure d'un premier long-métrage sans autre budget que ces quinze petits billets de 10 euros. La suite, on la connaît: des sélections de festival (Cannes, New York, etc.). Ca, c'est l'histoire pour les journalistes. Car Donoma aurait tout aussi bien pu être une bouse sans nom.
Or, surprise. Si Donoma souffre des longueurs attendues d'un type qui réalise son premier film et se regarde un peu tourner parce que, quand même, c'est joli à l'image; Si Donoma souffre d'un montage un peu chaotique dû à la forme précaire et mal ciselée du film choral; Et si Donoma part un peu dans tous les sens, désireux de toucher à tout comme s'il s'agissait là de la dernière occasion d'exprimer un point de vue; Eh bien, Donoma demeure pourtant une véritable petite surprise. Il ressort de ce film à l'image un peu dégueu (et pour tout dire, faussement arty) une vraie force qui tient sans doute à son amour des personnages.
Qu'il s'agisse de la prof d'espagnol qui branle son élève insolent après la classe pour le punir. Qu'il s'agisse de la jeune femme photographe qui ramasse le premier mec dans la rue, le ramène chez elle sans rien dire et lui impose de ne pas parler pendant plusieurs semaines pour apprendre à se connaître autrement. Ou qu'il s'agisse de cette jeune fille en proie aux mysticismes. Le film est attachant par le biais de ces petits portraits, ces caractères forts ou timides qu'on apprend à aimer malgré les défauts d'ensemble d'un film qui ressemble davantage à une collection de courts-métrages qu'à un long métrage à part entière.