Sauvé par ses acteurs mais ronronnant et bordélique, ce film confirme la neurasthénie actuelle de l'

On a connu Gus Van Sant plus en verve. Après « Nos souvenirs » à sa très détestable (mais visiblement méritée) réputation ou encore un « Restless » bien peu passionnant, le voilà qui s’attaque à une figure du dessin caricatural de Portland, John Callahan. On suit donc l’histoire de cet alcoolique notoire qui se retrouve paraplégique suite à un accident de voiture du à une beuverie. Après quelques cures de désintoxication, séances de rééducation et autres réunions aux Alcooliques anonymes, il va se découvrir un don pour le dessin. Un parcours intéressant qui en vaut bien un autre et va permettre à ce film au titre à rallonge de traiter de la dépendance et de la rédemption. Sauf que cette belle histoire subit un traitement bien lourdingue, avec un montage complètement explosé qui dessert le film et souffre d’une durée beaucoup trop conséquente.


Mais, heureusement, il y a Joaquin Phoenix qui montre encore une fois l’étendue de son talent et qu’il est l’un des meilleurs acteurs de sa génération. C’est pourtant un rôle casse-gueule mais dans lequel il se glisse avec une facilité déconcertante, que ce soit pour la transformation physique ou pour le jeu d’acteur. Le genre de composition très prisée par les Oscars mais où il n’en fait jamais trop, au contraire, faisant toujours preuve d’une justesse incroyable. Et si Rooney Mara ou Jack Black ne font que passer, ou devrait-on dire sont sacrifiés par un temps de présence ridicule et peu de choses à jouer, Jonah Hill impressionne en gourou gay compatissant. Ce jeune acteur a un talent fou, même hors de la comédie. Ce qu’il prouve lors de la scène la plus poignante du long-métrage. Et on risque d’entendre encore et souvent parler de lui. Leurs incarnations de ces deux personnages sont la principale qualité d’un film qui tourne en rond comme son protagoniste principal.


La première demi-heure est un joyeux bordel de séquences montées sans aucune logique si ce n’est celle de ne pas en avoir. Cette narration éclatée dans le temps n’apporte rien au film et lui donne un aspect foutraque peu avenant. Si cela s’améliore par la suite, on ne voit pas vraiment l’intérêt de ces allers et retours dans le temps. Le message véhiculé par le film entre exutoire divin et vertus des thérapies de groupe en même temps qu’une diatribe contre l’alcool est martelé à la truelle et trop peu fin pour convaincre. Quant au personnage de Callahan en lui-même et sa psychologie, il souffre de cette narration kaléidoscopique et demeure opaque. Qui plus est, tout cela est répétitif et ronronnant sur presque deux heures, l’ennui s’installant vite hormis quelques saillies lors des scènes dans le groupe de thérapie. « Don’t worry, he won’t get far on foot » vaut vraiment pour ses acteurs, guère plus.


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JorikVesperhaven
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le 5 avr. 2018

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Rémy Fiers

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