Considéré comme l’une des pépites du Festival Sundance de 2015, Dope est une comédie dramatique américaine indépendante écrite et réalisée par Rick Famuyiwa (La Guerre des Pères) et produite par la société de Forest Whitaker (qui joue la voix off du film).


Malgré l’affolante présence de nombreuses célébrités qui seraient propres à faire du film un blockbuster (au sens premier du terme), le réalisateur ne réussira malheureusement pas à augmenter son budget et a du réaliser son film en seulement 25 jours. En effet, sans compter la présence au casting d’individus tels que A$ap Rocky, Tyga, Quincy Brown ou Zoë Kravitz, le film dispose d’une bande originale signée Pharrell Williams et de P.Diddy comme coproducteur délégué.


Librement inspiré du propre parcours de vie de Famuyiwa, le film est dans les faits un feel-good movie tout ce qu’il y a de plus classique. En effet, le scénario est somme toute très convenu : le personnage principal, Malcolm, joué par un tout jeune Shameik Moore, est un « geek », avec tout les aspects péjoratifs que ce terme peut contenir dans un lycée « ghetto » des États-Unis. Fan de la scène hip-hop des années 90, il est critiqué par les autres parce que lui et ses amis aiment des « trucs de blanc », comme « le skateboard, avoir de bonnes notes, ou aller à l’université ». Cependant, une invitation à une soirée underground va l’entrainer, lui et ses amis dans une aventure qui pourrait bien le faire passer du statut de « geek » à celui de mec cool, un « dope ».


Venons-en au fait : ce film est en demi-teinte.


D’un côté, il possède incontestablement des qualités. Sa bande originale reflète le talent de Pharrell Williams, qui interprète la plupart des titres mais a également composé quatre morceaux spécialement pour le film. Ceux-ci sont interprétés par les trois acteurs principaux. De plus, la plupart des acteurs n’ont pas à rougir de leur performance : Shameik Moore, dont c’est le premier tournage, porte incontestablement le film, et est dans son jeu magnifiquement épaulé par une androgyne Kiersey Clemons (Diggy) et un A$ap Rocky (Dom) qui fait ses premiers pas au cinéma.


Cependant… Tous les acteurs sont loin d’être bons.
S’il est convenu que certains personnages ne sont pas faits pour être mis sur le devant de la scène, il est très regrettable qu’un acteur comme Tony Revolori (Jib) en soit à surjouer autant, surtout pour n’être qu’un simple comic-relief. Cette remarque vaut également pour Zoë Kravitz (Nakia), actrice talentueuse qui n’est ici réduite qu’à son certes sublime fessier.


Mais, est-ce réellement un défaut d’acting ou simplement une très triste direction des acteurs secondaires ? De fait… Les autres personnages du film semblent, et c’en est presque surprenant, n’être présents que pour faire avancer l’histoire et ne pas avoir de caractère propre.


Et nous arrivons ici au problème principal du film : il n’a pas de caractère propre.


Mis à part l’idée de jouer sur la représentation des noirs à l’écran, l’histoire est tellement bateau qu’on pourrait en prévoir l’issue avant même de rentrer dans la salle. C’est un film que vous avez déjà vu une bonne centaine de fois, et certainement mieux fait. Pire : le fait que la plupart des acteurs soient noirs n’a qu’une incidence très minime sur le déroulé de l’histoire, contrairement à ce que voudrait vendre le réalisateur. En effet, prenez ce film et remplacez les noirs par des mexicains, des chinois ou des bretons, et l’essence même du film ne s’en trouvera que très peu changée.


Pire encore, faute de scénario intéressant, il en devient à certains moments racoleur. J’ai à l’esprit une scène où le personnage principal se retrouve en contact assez « rapproché » avec une sublime demoiselle pour le moins dénudée. Mais après le sourire que les premiers plans peuvent arracher concernant le malaise créé par la virginité du personnage principal, s’écoulent plusieurs minutes dont l’intérêt explicite n’est que d’exciter les hormones attentives des spectateurs.
Malgré tout cela, je ne peux pas m’empêcher d’avoir une certaine affection pour ce film : outre sa bande son et la bonne humeur que Shameik Moore arrive à transmettre au spectateur, le réalisateur arrive tant bien que mal à transmettre l’idée que l’ascension sociale et culturelle est possible pour qui veut bien s’en donner les moyens, quelque que soit son milieu d’origine.
Et ça c’est beau.


En espérant vous avoir été utile,


MFWM.


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SandorZK
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le 5 nov. 2015

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