Sorti en 2019 et réalisé par James Bobin, Dora et la Cité perdue marque un tournant dans l’univers de la série culte de Nickelodeon, Dora l'exploratrice. Ce film met en scène une Dora adolescente plongée dans une aventure en pleine jungle péruvienne, où elle doit sauver ses parents archéologues et déjouer les pièges d’une mystérieuse cité perdue.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’un film d’animation au sens classique, la présence de personnages animés, tels que Babouche et Chipeur, intégrés dans un univers en prises de vues réelles, en fait une œuvre hybride et justifie sa place dans notre répertoire. Ces éléments, reprenant le style visuel de la série, oscillent entre le look enfantin original et un rendu plus réaliste pour mieux s’insérer dans l’univers du film.
L’originalité de Dora et la Cité perdue réside dans son intention : transformer une série pour enfants en une aventure familiale au second degré assumé. Cette adaptation apporte une bonne dose d’humour absurde qui n’a pas peur de se moquer des codes de la série, notamment à travers des scènes où Dora parle directement aux spectateurs, clin d’œil au format interactif de la série. Les personnages principaux sont charismatiques, avec une Dora pleine d’énergie et d’optimisme. L’intensité émotionnelle est bien dosée, l’élément dramatique se mêlant habilement à l’action.
Le design de personnages comme Babouche, rendu en 3D, s’intègre bien au cadre réaliste du film sans dénaturer l’esprit de la série. La musique contribue également à créer une ambiance légère, jouant parfois la carte de la nostalgie pour les spectateurs plus âgés.
Une scène en particulier, survenant en milieu de film, surprend agréablement par son retour inattendu à un univers graphique plus proche de la série animée, ajoutant un moment de pure créativité qui saura toucher les fans.
Le passage à la prise de vue réelle n’est pas toujours justifié et dilue parfois l’intérêt de l’œuvre originale. La dynamique de l’animation propre à la série est ici affaiblie, rendant certains personnages secondaires moins vivants, notamment Chipeur, dont l’intégration visuelle peine à convaincre. Le scénario, bien que rempli d’aventures, reste somme toute prévisible et manque de profondeur. Certains dialogues paraissent trop simples, atténuant l’humour décalé que le film aurait pu exploiter davantage. Enfin, le mélange entre le monde réel et les éléments animés donne par moments un sentiment de déséquilibre, comme si le film hésitait entre un format enfantin et une aventure plus mature, sans pleinement se décider pour l’un ou l’autre.
Dora et la Cité perdue se démarque par son audace et son approche hybride, qui offre une vision originale et rafraîchissante de la franchise tout en visant un public élargi. Sans être inoubliable, le film parvient à divertir et à surprendre par ses clins d’œil à l’animation. L’accueil mitigé témoigne d’un projet qui, sans être pleinement réussi, reste attachant et amusant, notamment pour les spectateurs prêts à l’aborder avec du second degré. À défaut d’être une œuvre marquante, ce film saura amuser les fans de la série et captiver les plus jeunes.