Malgré un titre de critique accrocheur, mon intention ici n'est pas de vous énumérer les qualités qu'un film comme double détente peut avoir afin de graver son empreinte au fer rouge parmi les Citizen Kane, 2001 et autre Godfathers...
Double Détente n'est en effet rien d'autre qu'un pur divertissement, résultant de contraintes de production hollywoodienne, l'offre et la demande, vous voyez le topos, si non, regardez Avatar et les critique d'Avatar et ne me laissez pas épiloguer sur le sujet.
Bref, réaliser par Walter Hill, qui n'est pas un nouveau né dans le secteur de l'entertaiment, à qui l'on doit notamment "48 heures" et sa suite, intelligemment baptisée "48 heures de plus". A ce titre, on pourrait même considérer Double Détente et les deux 48h comme une sorte de triptyque dans l'œuvre de Walter. En effet, la recette est pour ainsi dire la même, nous sommes face à trois comédies policières (plus dans une optique "Arme Fatale" que "Police académie" quand même faut pas déconner!) dont la mécanique est basée sur le duo mal assorti: Nolte/Murphy pour 48h et Shwarzy/Belushi (tiens deux noms italiens...) pour l'autre film.
Recette par excellence de la comédie française, la mécanique du duo mal fichu se heurte néanmoins souvent à quelques écueils. "Dramaturgiquement" parlant, le premier problème de cette mécanique naît de ce qui est supposé en faire sa richesse: l'antagonisme des personnages. Il n'y a pas de procédé miracle, il y a la recette et la manière de la préparée. Prenez par excellence un couple de deux français moyens, l'un """"""raffiné""""""" et """""sophistiqué""""" (notez le nombre de guillemet) et l'autre "simple" et benêt, tous les deux sont blancs, parisiens et non que leur rang social pour les séparer, mettez-y les dialogue de Danielle Thompson, et vous obtenez De Funès et Bourvil dans "La grande vadrouille". A linverse, prenez un parisien (encore un...) et un indien d'Amazonie, mettez Francis Veber sur le film et vous obtenez une bouse exotique nommée "Le jaguar".
Tout cela pour dire que l'efficacité d'un duo mal assorti ne dépend pas uniquement de leurs différences sociales, culturelle ou je ne sais quoi. Et à ce titre, le duo Nolte/Mruphy m'a semblé plus efficace que Shwary/ Belucshi. De plus, il semblerait que la comédie policière soit plus apte, à mon humble avis, à se dérouler dans une ambiance plus décontractée de la côte ouest, plus que dans la froideur de Chicago.
Mais alors, si 48 heures est "meilleur' que "Double détente", en quoi cela en fait il un film historique?
Historique est un adjectif qualificatif à prendre au sens premier du terme. A savoir, le film ne laissera pas son empreinte dans l'histoire tel un tyrannosaure devant un Jeff Godblum un brin intimidé. Mais Double détente est à mon sens le film qui marque le plus la rupture entre le cinéma d'action des années reagans et celui des années 90. Bref petit récapitulatif de l'historique du héros "reganien", durant les eighties, le film d'action bat son plein avec des héros comme Stallone, Schwarzy et surtout Chouck "better than God" Norris.
Rambo (2), Commando, Invasion U.S.A,etc.. j'en passe et des pires font remplir les salles américaines. La tendance est telle qu'un certains studio "spécialisé dans le film d'exploit' ", appelé le Cannon groupe, mené par Menahem Golamn et Yoram Globus en arrive à en user le filon jusqu'à l'os et à produire près de trente films d'actions par an!
D'un autre coté, un autre producteur du nom de Joël Silver décide d'inverser la tendance, c'est à dire de ne produire qu'un film par an, mais avec des moyens astronomiques. Son premier coup d'essais ne sera pas franchement un coup de maître pour la critique (même je suis en droit de le considérer comme un coup de génie!), il s'agira de "Commando" de Mark L. Lester. S'en suivra néanmoins "Predator' de Mc Tiernam et le succès qu'on lui connait aujourd'hui. Désormais, Silver pouvait se targuer d'avoir la main mise sur le film d'action de qualité et le pouvoir d'en inverser la tendance. Ce qu'il fit avec "l'arme fatale" en 1987 (de Richard Donner) et "Piège de cristal" (de Mc Tiernam). Même s'il l'on doit reconnaitre les qualité de ces films, forces était de constater que le héros viril et body-buildé n'y trouvait plus sa place, face à des anti-héros à la John Mc Lain et autre Martin Riggs, alcoolique, tabagiste, dépressif et suicidaire mais héros quand même.
Cette période nous amène donc à la comédie policière, où plus précisément au film policier avec de l'humour dedans, dont fait partie, entre autre, 48 heures. Le héros reaganien, quant à lui, doit pouvoir se recycler. Le groupe Cannon fait faillite après la tentative désespérée qu'est "Over the top". Chuck se reconverti dans la série télé texane, Dolph dans les directe-to-video avant d'être rejoint par JCVD et l'autre débile avec son catogan. Stallone essaye en vain de retrouver sa gloire d'antan et Schwarzy s'en tire bien, grâce à James Cameroun et Yvan Reitman, réussissant le mieux à se recycler dans la comédie.
Historiquement donc, les U.S.A. sont face à un empire soviétique en déclin, qui ne tardera pas fait chuter son mur. Le héros américain est plus décontracté, le ventre bedonnant et une poche remplie de réplique du dimanche. Le héros reaganien, c'est fini, la masse de muscle appartient dés lors plus à une identité communiste, à savoir "barbare et brutale" (comme Conan). A ce titre donc, Double détente illustre bien le recyclage du héros reagnien, désormais passé du film d'action à la comédie (policière), sont image est celle d'un héros d'un autre temps, face à un Jim Belushi jouant les Jim Belushi.
Plus transcendant sur le fond et la forme me direz-vous, il reste "Last aciton Hero" (encore de Mc Tiernam) où le propos y est clairement plus assumé. Mais d'une certaine manière, Double détente reste la plus belle analogie de la fin d'un âge d'or, de l'agonie des commandos sous testostérones et autres combattants des ennemis du peuple libre