Dough est un film emmerdant à critiquer. Emmerdant car si il est impossible de remettre en cause la bonne volonté qui anime ce projet, il fait aussi parti de ces films qui vous laissent un sentiment de ratage presque complet doublé d'un manque de finition particulièrement dérangeant.
Narrant la rencontre d'un vieux boulanger de confession juive qui va prendre sous son aile un jeune dealer de confession musulmane, Dough est le genre de film qui échoue à susciter la moindre émotion, la faute à une caractérisation grossière des personnages qui devrait être la moelle épinière d'une histoire qui s'avère être malheureusement sans surprise.
Car la première chose qui frappe au visionnage de Dough, c'est bel et bien le manque de substance des personnages qui ne semblent être que des pantins sensés faire avancer l'histoire et dont la dimension uniquement symbolique devrait justifier leurs actes. Jamais on ne peut les trouver touchant, ou même tout simplement humains, puisqu'ils ne sont caractérisé que par ce que j'ai écrit plus haut (un juif et un dealeur musulman). Ainsi, on n'a droit qu'a une succession de blagues sur les clichés religieux toutes plus convenues les unes que les autres, ou un vieux juif raciste ne va pas comprendre les coutumes religieuse de son apprenti priant son dieu au lever du soleil, etc... Mais comme dans chaque comédies convenues, les deux hommes finiront par s'apprécier et comprendre que leurs aprioris n'étaient que mensonges, et vont même s'associer pour contrer un voisin très très méchant qui veut racheter la boulangerie pour en faire un parking.
Pourtant, on sent que le scénario essaye réellement d'étoffer ses personnages. Mais hélas, sûrement poussé par l'idée de faire uniquement un feel good movie jusqu'a la fin du métrage, celui-ci ne reste qu'à la surface des éléments dramatiques qui pourraient leur donner une dimension humaine. Ainsi, une scène qui nous en apprend d'avantage sur le jeune devant pousser le spectateur à avoir de l'empathie pour un personnage retombe dès la scène suivante, et l'élément dramatique qui venait d'arriver repart aussitôt du récit pour ne plus jamais y revenir.
Mais ce qui parait plus surprenant, c'est que même la structure narrative ne trouve pas une évolution et une continuité logique: chaque scène semble presque déconnecté de la précédente, sans prendre en compte l'évolution psychologique de ses protagonistes. D'ou une impression de tourner en rond particulièrement désagréable pendant la quasi totalité du métrage. Il est d'autant plus désagréable que lors du dernier quart-d'heure on se trouve face à des péripéties qui semblent réellement s'enchainer de manière logique. Mais évidemment, ces péripéties ne sont absolument pas exploitée dans la conclusion, et s'avéreront être totalement inutiles dans le récit.
La mise en scène particulièrement plate n'arrange rien, ne donnant jamais de vraie rythme au récit. Bien cadré, mais souvent monté au mépris du bon sens, l'aspect visuel du film est d'autant plus gâché par une lumière de soap opéra. Mais surtout, les choix d'angles et d'axes de caméra sont probablement parmi les moins malin qu'il m'ai été donné de voir dans une comédie, ceux-ci réussissant à eux seul de faire deviner la blague qui va suivre... Il ne reste que des acteurs pas trop mal dirigés, mais qui ne peuvent à eux seuls sauver le film...
Bref, une comédie mignonne, sage, qui se veut intelligente et touchante mais qui ne s'avère surtout pas maitrisée du tout. Alors certes, ce n'est pas totalement détestable, mais cela n'a pas un grand intérêt non plus...