Pour une fois j’ai l’impression que l’effet cinexpérience a desservi le film: habituellement le fait de découvrir les films “à l’aveugle”, sans a priori leur donne un intérêt supplémentaire parce que je n’attends pas d’y retrouver les extraits vus dans la bande annonce, que je me laisse porter et que la surprise est ménagée.
Souvent, il suffit de quelques minutes pour comprendre le genre du film mais il reste toujours quelques imprévus, de petites choses qu'on n'avait pas forcément imaginé d'entrée de jeu.
Dough pose très vite son décor et se déroule ensuite sans surprise, l'aspect découverte est presque immédiatement cassé et on attend en vain de découvrir autre chose.
On comprend où on va dés la présentation des personnages, et peu d’évènements viendront perturber ce qu’on peut supposer.
L’avantage de ne pas avoir vu de bande annonce permet tout de même de vivre les blagues en direct, sans avoir vu un condensé des meilleurs avant de venir et de passer un moment globalement agréable.
Si on avait su avant de venir qu’on allait voir un feel good movie sans prétention, on aurait sans doute pu apprécier davantage, sans en attendre plus qu’un film sympathique qui s’interdit les prises de tête.
C’est là que pour la première fois je me suis sentie prisonnière de mes attentes cinexpérimentales: même en ayant vu très vite où allait le film, j’attendais sagement qu’on vienne me surprendre, et j’attends encore. (du coup je suis déjà assise pour la prochaine cinexpérience tiens!).
Curieux constat, et à vrai dire c’est la première fois que je me rends compte que j’en attendais trop d’un film dont pourtant je ne savais rien avant d’entrer dans la salle. (comme quoi ma capacité d’adaptation est assez développée).
Bref, venons-en au film:
Difficile à commenter, et à vrai dire je suis un peu déboussolée: si l’histoire est cousue de fil blanc, ce qui est moins habituel c’est la façon dont les choses sont faites.
Le style étonne: les décors alternent des couleurs passées dans une boutique hors du temps et des milieux contemporains aux aspects crus: boite de nuit, cité, bureaux, supermarché.
L’ensemble oscille donc entre réalisme et aspect “décor de théâtre”.
Les personnages sont également travaillés sur une dualité: ils sont à la fois les héros d’une farce assenant des remarques hyper caricaturales et des personnages pleins d’humanité et d’authenticité comme on pourrait en croiser chaque jour.
L’histoire elle-même est posée sur des rails et file vers sa conclusion, essayant d’extraire parfois quelques scènes du lot. Ça fonctionne, mais un peu trop rarement pour moi.
Le tout est bancal, comme si le film ne sachant sur quel pied danser se mettait à boiter: on le regarde faire, on le suit même mais parfois on le doublerait bien parce qu’on voit où il va avant qu’il y aille, et puis non on reste derrière au cas où il voudrait tourner sans prévenir.
D’un côté il ratisse large: on nous parle d’acceptation de l’autre, de combat ordinaire des David contre des Goliath, de religion, de drogue, de fin de vie, de retour à la vie après un deuil, d’intégration… Des sujets connus qui pourraient animer le débat.
Mais de l’autre côté on enfile les clichés les uns à la suite des autres, dans une sorte de surenchère forcée qui globalement ne fonctionne pas bien.
Heureusement, les deux acteurs principaux sont bons et font vivre le film, tandis qu’on regrettera des personnages secondaires assez peu exploités.
On ressort de là avec le sourire même si au fond on sait que ça aurait pu être mieux.