Doute est le récit d'un dilemme, l'exposition des doutes de deux nonnes au sein d'une paroisse dans les années 60. Alors que l'époque amenait à de grandes révolutions, à la tolérance et à l'ouverture, au sein de la paroisse de St.Nicholas, la Sœur Aloysius prône des valeurs d'antan, dures et strictes. Appelée « le dragon » par ses pairs, elle fait figure d'autorité dans l'établissement, et tient durant le long du film cette fermeté digne et sévère propre aux valeurs qu'elle défend.
Meryl Streep, qui joue cette intraitable Sœur Aloysius, est impressionnante puisque non reconnaissable : la pâleur de son visage contraste avec le noir immaculé de sa tenue et le vert inquisiteur de ses yeux, perçant à travers une sévère paire de lunettes. Ses cheveux, son cou disparaissent derrière son col et sa coiffe, donnant à ses expressions une vigueur saisissante. Son jeu est très bon – son autorité apparaît tour à tour légitime ou insupportable, nécessaire ou dangereuse. A ses côtés, Philip Seymour Hoffman et Amy Adams offrent un jeu certes moins nuancé mais tout aussi sincère et convaincant.
Cependant, malgré le talent des acteurs, le film dans sa première heure souffre d'une grande paresse ; la beauté et l'ingéniosité de certains plans n'exclut pas de nombreuses longueurs, mises en exergue par le manque de musique et par l'absence d'actions qui relanceraient véritablement l'intrigue. Tout se joue dans le regard des acteurs et les dialogues – qui parfois restent évasifs et mènent à des quiproquos, ce qui entraîna mes interrogations quant au talent des dialoguistes ou à ma compréhension des situations...
Néanmoins, à la paresse de la première heure succède dans les dernières trente minutes un crescendo de tension qui mène à un final époustouflant, éclairant ainsi tout le film et laisse le spectateur avec de nombreuses interrogations : Qui, au final, avait le plus de certitudes ? Faut-il camper ses positions malgré ses doutes ? La certitude excuse-t-elle l'erreur ?
Ainsi, je reste mitigée devant Doute ; il aurait pu être un mauvais film, si son final n'avait brillé d'intelligence et de délicatesse, et si le très bon jeu de Meryl Streep n'avait évité certaines lourdeurs de plomber le film dans son intégralité. John Patrick Shanley fait preuve dans sa réalisation de certaines bonnes dispositions, cependant il ne saurait faire oublier la lenteur morne de la première heure de son film.