Réalisé en 1957 par Sydney Lumet avec entre autres (puisqu'ils sont douze) Monsieur Henry Fonda, 12 Hommes en colères est un film qui truste les premières places de tous les classement des plus grands films de l'histoire du cinéma (cinquième du top 250 sur imdb). Alors inutile d'y aller pas quatre chemins, c'est un grand film et il n'a vraiment pas volé sa réputation de film "parfait". C'est simple, le film dure 1h30 et il n'y a pas une seule minute en trop, pas une seule ligne de dialogue ni un seul plan qui n'est pas réfléchi.
Le film est adapté d'une pièce de théâtre et raconte l'histoire de douze hommes réunis en qualité de jurés pour juger de la culpabilité d'un jeune homme accusé d'avoir poignardé et tué son père suite à une violente dispute. Il est arrêté puis passe au tribunal et c'est alors qu'un huis-clos imprévu s'engage lors des délibérations. Un vote est organisé autour de la table, onze jurés sont persuadés de sa culpabilité, tandis que le douzième et denier juré (Henry Fonda) vote non-coupable. Tout indique pourtant qu'il est coupable, mais il y a un "mais" justement, un petit quelque chose qui ne colle pas. Et à partir de là, tout démarre.
La mise en scène est parfaitement étudiée pour mettre en avant la performance des acteurs. La caméra se balade dans la salle de délibération et on passe d'un petit groupe de personnages à un autre, en plan séquence. Jamais on ne ressent une mise en scène trop "théâtrale", c'est un vrai film de et pour le cinéma. On identifie et on comprend tout de suite les personnages, leur psychologie, leur personnalité (le colérique, le sportif qui veut partir, le cérébral, le sage, le niais ... ) et apportent tous leur petite voix dans ce procès. Avec ce film, Sydney Lumet s'attaque aux préjugés d'hommes issus de milieux et de classes sociales différentes, où le manque d'objectivité et l'ego de certains prennent parfois le dessus sur leur clairvoyance.
Le seul petit défaut que je trouve au film (et encore que, peut-on vraiment parler de défaut ?) c'est que ...
dés le premier "mais" prononcé par Henry Fonda, on comprend que la personne n'est pas coupable et qu'ils vont tous changer d'avis un par un. Mais le personnage interprété par Henry Fonda réussit tour à tour à démonter la plupart des preuves avancées par la partie civile, toujours en adoptant une attitude réfléchie et pour le moins habile. On oublie donc nos réflexes de cinéphile et on se laisse convaincre en même temps que les jurés. On a envie de connaitre le dénouement devant la clairvoyance démontré par Henry Fonda sur ses présomptions, même si l'issue du procès ne fait aucun doute !
Savoir comment terminer un film, n’est pas toujours chose facile. Fort heureusement, le scénario de Reginald Rose ne choisit pas la facilité ...
Oui, il y a suffisamment de doute "raisonnable", une notion juridique qui permet à un jury de ne pas déclarer un prévenu "coupable". Non, il n’y a pas de preuves irréfutable pour démontrer que l’accusé est innocent. L’a-t-il fait ? Nous ne le savons pas. Supposons qu'il l’ait réellement fait et s’en tire à bon compte ? Henry Fonda est interpellé deux fois sur ce point et dans aucun des deux cas, il n’a de réponse.
Bref, 12 hommes en colères c'est un film qui n'a vraiment pas usurpé son statut, un film si simple et pourtant si brillant.