« Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien » Socrate

Modèle de rhétorique, de psychologie et de logique, ce huis-clos jubilatoire m’a révélé une autre dimension du cinéma, s'il en est. Un homme, seul contre tous, va héroïquement, pendant une heure et demi, par la puissance de sa persuasion, changer le cours de la justice. La portée de ce film n’est pas seulement politique, sociale, ou intellectuelle, elle est philosophique.


Très clairement, que démontre le film? Que la vérité n’existe pas. Qu’il n’y a pas de vérité possible. Que toute certitude est subjectivité, quelques soient les faits, quelques soient les circonstances. C’est du scepticisme pur, « doctrine selon laquelle la pensée humaine ne peut déterminer une vérité avec certitude ». Quelque différente eût été la situation de l’accusé, il y aurait toujours eu des arguments contraires valables et recevables. Il faut, avec discernement, se défier de ce que l’on sait, de ce que l'on croit savoir, car l’homme peut-il réellement savoir? Toute justice est donc fondamentalement approximative, mais surtout, n’importe quelle justice, en théorie, peut être rendue selon la défense adoptée.


Chacune des 12 personnalités composant le jury représente une caractéristique unique, un état, ou une idée, selon sa condition sociale, son histoire personnelle, son charisme, et y a son rôle à tenir. Le scénario, les dialogues, les apartés, n’auraient pas pu être mieux écrits. Il règne une tension permanente, l’intérêt est maintenu en haleine, il n’y a pas la moindre image inutile toute la durée du film. Même l’attente, même les silences, sont denses.


C’est le seul et unique film jusqu’à ce jour qui, à la fin, m’a légèrement fait monter les larmes aux yeux, les larmes de l’allégresse intellectuelle, du triomphe du doute sur la certitude.

Julien_Grolleau
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le 16 mars 2014

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