“Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent.”

Cette phrase, tirée de Zadig ou la destinée de Voltaire, résume parfaitement l’état d’esprit du cultissime film de Sidney Lumet. L’histoire est simple et efficace. Un juré, composé de 12 hommes, s’isolent pour statuer sur le sort de l’accusé, un jeune homme jugé pour le meurtre de son père. La situation semble plier. 11 des jurés le jugent coupable et l’envoie, par ce fait, sur la chaise électrique. Mais il faut un jugement unanime pour cela et un des hommes n’est pas convaincu. Cet homme est le juré numéro 8, un architecte, interprété par un Henry Fonda tenant un discours raisonné qui peu à peu, va rallier les autres jurés, même les plus vindicatifs, à sa cause.


12 hommes en colère jouit d’une réputation sans équivalent au sein de la communauté de SensCritique. Avec une moyenne hallucinante de 8.7, la première place du mythique Top 111, le film atteint les 19 000 vues à l’heure de ces lignes. Comme la plupart de ces personnes, la curiosité m’a poussé à voir ce film encensé. La sentence est sans appel : ce film est beau, ce film est grand.


Un film à huis clos repose beaucoup sur le jeu des acteurs. Le lieu choisi a son importance également. Le spectateur s’approprie le décor, à savoir la petite salle de délibération, avec chaque fenêtre, chaque chaise et cette grande table centrale autour de laquelle le destin d’un homme se joue. La quasi uniformité des habits des jurés avec bas de costume, chemise blanche et cravate sombre donne un sens d’égalité entre les individus quel que soit leur métier. Ici un vote compte autant qu’un autre, mais c’est bien par la réflexion, l’intelligence et la pertinence de ses arguments que le juré numéro 8 va arriver à convaincre ses pairs.


Le film ne s’attarde pas sur la culpabilité ou non du jeune homme. Ce n’est pas le procès qui est mis en avant mais cette partie que l’on ne voit presque jamais, la délibération du jury. 1*2 hommes en colère* est certes un plaidoyer contre la peine de mort, une peine qui ne laisse aucun espoir à un innocent de s’en sortir, mais c’est aussi un plaidoyer pour la raison et la réflexion.


Un grand merci à SensCritique de m’avoir fait découvrir, entre autres, ce chef d’œuvre du cinéma et aux connaisseurs qui ont permis de mettre sous les projecteurs le premier film de Lumet. Vive le cinéma !

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le 15 nov. 2015

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Vincent Ruozzi

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